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Bionic reading, le nouveau mode de lecture « plus rapide et efficace »

Une entreprise suisse a mis au point un mode d’affichage des textes qui permettrait de lire plus efficacement.

À l’heure où la majorité de notre attention est captée par de très courtes vidéos qui envahissent nos fils sur les réseaux sociaux, lire un texte peut s’avérer une tâche de plus en plus fastidieuse. Une jeune entreprise suisse avance avoir trouvé une technique permettant de lire plus vite et plus efficacement. Baptisée « bionic reading » , elle consiste à afficher certaines lettres en gras dans un texte pour créer des points de fixation censés accélérer la lecture.

« Débloquer 100 % de son cerveau »

La startup a récemment mis en ligne son convertisseur de texte afin d’afficher n’importe quelle page web et texte en bionic reading. Et depuis, la technique est devenue virale sur les réseaux sociaux. Un UX writer de Minecraft et de Spotify s’est ainsi montré particulièrement subjugué par la méthode. Dans un tweet accompagné de deux versions d’un même texte (l’une classique, l’autre en bionic reading), il explique avoir eu la sensation d’enfin « débloquer 100 % de son cerveau » après avoir testé ce mode de lecture. Son post a été partagé plus de 17 000 fois et a recueilli 116 000 « j’aime » .  S’en est suivie une flopée de commentaires d’utilisateurs se disant « impressionnés » . Certains avancent n’avoir « jamais lu aussi vite de leur vie » .

D’autres qui déclarent être atteints d’un déficit de l’attention (TDAH) expliquent que le bionic reading les aide à se concentrer. Une partie des commentateurs reste toutefois plus sceptique, ou juge que la technique est biaisée si on lit d’abord le texte classique puis le second en bionic reading ensuite puisque l’on est déjà familiarisé au texte, donc forcément la seconde lecture est plus facile.

Plus de lecture rapide, plus de performance, plus de succès

On peut aussi s’interroger sur la volonté de rendre à tout prix la lecture efficace, rapide et optimisée. Pourquoi un texte ne mériterait-il pas d’y passer le temps dont on a besoin pour le comprendre ? Pour la jeune pousse, la question est vite répondue. « Améliorez vos performances et consacrez-vous à la transmission des messages. Plus de connaissances vous permettront d’avoir plus de succès et vous donneront un avantage significatif dans ce monde bruyant et mouvementé » , peut-on lire sur son site web. Elle avance également avoir eu des retours de personnes dyslexiques qui voient une amélioration de leur compréhension des textes grâce à ce mode d’affichage.

L’appellation « bionic reading » sonne futuriste, mais le principe derrière est relativement simple. Il s’agit simplement de mettre la ou les premières lettres du mot en gras. Le bionic reading part du principe qu’en se concentrant sur certaines lettres, notre cerveau reste capable de deviner seul le reste du mot grâce à la mémoire long terme. C’est un peu le même principe que ces tests qui consistent à inverser l’ordre des lettres au milieu d’un mot en conservant le début et la fin identique, sans pour autant perturber la lecture.

« Le bionic reading crée des points de fixation artificiels qui permettent de guider le regard. Par conséquent, le lecteur se concentre sur ces lettres et laisse le cerveau compléter le mot » , explique l’entreprise sur son site. Il est possible de varier le nombre de lettres en gras, de les espacer plus ou moins, et de changer l’opacité du texte selon sa préférence.

Bionic reading : un nouveau standard ?

Difficile toutefois d’évaluer l’efficacité réelle de ce système. La startup suisse a déposé des brevets et a mené une étude préliminaire avec ZHAW School of Applied Linguistics, une université suisse, mais dont les résultats ne sont pas pour le moment en accès libre en ligne.

En plus de son convertisseur, Bionic Reading propose une API qui permet à des applications d’intégrer ce mode de lecture. Son utilisation est gratuite en dessous de 500 requêtes par jour, coûte 99 dollars mensuels jusqu’à 5 000 requêtes, et 495 dollars au-delà. Certaines applications l’utilisent déjà, comme Reeder 5 et Lire qui permettent d’accéder à des articles en se connectant aux fils RSS des sites web.

« Nous voulons que notre méthode de lecture soit utilisée dans le monde entier comme standard dans toutes sortes de produits logiciels » , a déclaré le designer Renato Casutt, fondateur de Bionic Reading, interrogé par Newsweek.

 

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Jean-Philippe Behr

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