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Industrie : la pénurie générale de main-d’œuvre s’installe

Malgré la conjoncture économique dégradée, le secteur industriel continue de recruter massivement. 1,3 million d’offres d’emploi ont été publiées depuis le début de l’année, selon le baromètre Adecco Analytics qui observe des pénuries dans tous les métiers et niveaux de qualification.

L’industrie n’échappe pas au ralentissement économique de la France et à ses conséquences sur l’emploi. Selon le baromètre Adecco Analytics publié ce mardi, le nombre d’offres de postes sorties au troisième trimestre a baissé de 21 % sur un an.

« Ce recul est dans la moyenne nationale et il intervient après une très forte reprise d’activité post-Covid dans l’industrie, relativise Charles Masson, analyste au sein du groupe Adecco qui a réalisé le baromètre. En réalité, ce secteur continue de recruter massivement », souligne-t-il.

Avec près de 1,3 million d’offres d’emploi publiées depuis le début de l’année, les besoins en main-d’oeuvre restent bien supérieurs à ce qu’ils étaient avant la pandémie et la politique active de réindustrialisation promet de renforcer cette tendance. A titre de comparaison, le baromètre répertoriait 250.000 offres d’emploi en moyenne dans l’industrie en 2019, contre 330.000 au cours du troisième trimestre cette année.

Deux recrutements difficiles sur trois

« Tous les métiers et niveaux de qualification sont en forte tension », précise Charles Masson. Les cinq métiers les plus tendus couvrent de fait un large éventail de qualifications. Ils vont du montage-assemblage mécanique, qui arrive en tête avec 37.167 offres publiées au troisième trimestre, au management et ingénierie études, recherche et développement industriel (16.436 offres), en passant par le métier de management et ingénierie de production (26.419 offres), celui d’opération manuelle d’assemblage, tri ou emballage (22.990 offres) et de soudage manuel (16.452 offres).

Outre la pénurie de candidats, le recrutement se trouve compliqué par la mutation de ces métiers. La décarbonation et la numérisation de l’économie entraînent la recherche de nouvelles compétences souvent hybrides. Les lignes de production sont désormais numérisées et l’usinage d’une pièce exige moins de travail manuel qu’une capacité à programmer la machine qui fabriquera cette pièce.

Selon Gérald Jasmin, directeur général Adecco France, cette transformation de la production industrielle touche particulièrement les secteurs de l’aéronautique et du ferroviaire.

Mobiliser les jeunes générations

Dans les trois régions où la dynamique industrielle est la plus forte, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Ile-de-France et dans les Pays de la Loire, cette mue met en outre les différentes filières industrielles en compétition sur ces compétences nouvelles. A Saint-Nazaire par exemple, l’aéronautique se trouve en concurrence avec l’industrie navale ou l’éolien off-shore, détaille Charles Masson.

C’est pour éviter de telles tensions que l’opérateur de compétences interindustriel OPCO 2i a mobilisé 15 millions d’euros en 2022 et 2023 pour convaincre les jeunes de rejoindre le secteur. Le slogan « avec l’industrie, on a un avenir à fabriquer » se décline actuellement sur les réseaux sociaux mais aussi sur le grand et le petit écran.

 

Lire : Les Echos du 28 novembre

 

Jean-Philippe Behr

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