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L’empreinte carbone du numérique pourrait tripler d’ici à 2050

Le secteur qui rejetait 17 millions de tonnes équivalent CO 2 en 2020 pourrait en émettre trente ans plus tard près de 50 millions, selon une étude de l’Agence de la transition écologique et l’Autorité de régulation des télécoms, publiée ce lundi. Etude qui donne des pistes pour réduire les impacts environnementaux.

Télévisions, smartphones, ordinateurs portables, petits objets connectés, disques durs… les Français utilisent plus de 800 millions d’équipements numériques. D’ici à 2030, et surtout à 2050, l’utilisation qu’on en aura sera assurément très différente de celle qu’on en fait aujourd’hui. Mais une chose est certaine, si rien n’est entrepris pour la réduire, l’empreinte carbone du secteur (liée aux émissions de gaz à effet de serre) pourrait augmenter de 45 % d’ici à la fin de la décennie, et quasiment tripler d’ici à 2050.

C’est la projection alarmante faite par les experts de l’Agence de la transition écologique (Ademe) et l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep) dans une étude publiée ce lundi. Le numérique, qui rejetait environ 17 millions de tonnes équivalent CO2 en 2020, selon les calculs faits par l’Ademe et l’Arcep lors d’un précédent rapport publié début 2022 , pourrait ainsi émettre, trente ans plus tard, près de 50 millions de tonnes.

Des télévisions aux vidéoprojecteurs

Et ce ne serait pas le seul impact environnemental majeur. A supposer que les tendances observées actuellement se poursuivent, le numérique consommerait près de 80 % d’électricité en plus d’ici à la moitié du siècle, et près de 60 % de métaux et de minerais supplémentaires. Une hausse des impacts « portée par la croissance des usages, elle-même soutenue par un parc grandissant de centres de données », qui pourraient représenter 22 % des rejets de gaz à effet de serre du numérique en 2050, expliquent les auteurs de l’étude.

Aussi importante soit-elle, de la domotique à la décarbonation industrielle, la révolution technologique du siècle est loin d’être hors-sol, et donc loin, pour l’heure, de la décarbonation. Ce qui a incité le gouvernement à faire du « numérique responsable » un des chantiers de la planification écologique voulu par Emmanuel Macron. Mais les choix qui seront faits dans les années à venir seront cruciaux, a renchéri le nouveau président de l’Ademe, Boris Ravignon.

Pour réduire les impacts du secteur d’ici à 2030, l’étude dresse plusieurs scénarios plus ou moins ambitieux. Ils vont de la seule éco-conception des équipements à l’idée de remplacer progressivement les télévisions par des vidéoprojecteurs.

Conserver plus longtemps ses appareils

Les efforts les plus payants restent dans les terminaux, qui représentent aujourd’hui 70 % de l’empreinte carbone du numérique, sachant « qu’avant même que nous n’utilisions notre dernier smartphone, téléviseur ou ordinateur flambant neuf, il a déjà produit près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre qu’il émettra durant sa (trop courte) vie », pointent les auteurs.

« Si collectivement nous ne faisons pas l’effort de conserver en moyenne deux ans de plus chacun de nos terminaux, et si nous continuons à les multiplier sans nécessité, nous échouerons à stabiliser l’impact environnemental du numérique à l’horizon 2030 », a insisté ce lundi le ministre de la Transition numérique et des Télécommunications, Jean-Noël Barrot, lors de la présentation du rapport. Il faudrait garder nos ordinateurs sept ans au lieu de cinq, nos écrans huit ans au lieu de six, et nos mobiles 4,5 ans au lieu de 2,5 ans.

Mais tout ne reposera pas sur la seule bonne volonté des consommateurs, promet Jean-Noël Barrot. « La puissance publique européenne et nationale fera pression pour exiger un changement radical en matière d’éco-conception, de durée de garantie, de réparabilité de la part des fabricants et des distributeurs, un changement de valeur dans la communication publicitaire », a-t-il assuré.

L’Ademe et l’Arcep mettent également sur la table différentes trajectoires pour 2050, de la plus « frugale » à la plus technologique, qui impliquent donc des choix de société radicalement opposés, et font une place très variable au numérique : d’une utilisation sobre des loisirs numériques à des villes 100 % smart cities. Dans ce dernier scénario, le nombre d’équipements numériques pourrait avoisiner les 11 milliards et les émissions de CO2 du secteur bondir de 372 % !

 

Lire : Les Echos du 6 mars

Lire : sur le site de l’ADEME, publié le 6 mars

Télécharger : Le dossier de presse et infographies « Empreintes environnementale du numérique : 2020, 2030 et 2050 (23 pages)

Télécharger : La note de synthèse au gouvernement sur la prospective 2030-2050 (16 pages)

Télécharger : « Empreinte environnementale du numérique : 2020, 2030 et 2050 – Etude ADEME-Arcep » – Synthèse (18 pages)

Télécharger : L’étude prospective 2030-2050 (131 pages)

Télécharger : la présentation (14 pages)

 

Jean-Philippe Behr

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