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Murdoch fait la paix contre un chèque de Google

L’accord sur trois ans inclut le versement de montants « significatifs » aux titres de News Corp (« Wall Street Journal », « The Times », « The Australian »…). Le groupe de Murdoch a été un des plus critiques face à Google et Facebook.

L’empire de presse de l’australo-américain Rupert Murdoch, un des plus véhéments critiques des effets indésirables des portails du Net comme Google et Facebook sur le journalisme, signe la paix avec le géant de la publicité en ligne.

Alors que se joue ces jours-ci le sort d’une initiative du gouvernement australien visant à pousser les plateformes à payer l’information, News Corp annonce en effet ce mercredi un accord « historique » de trois ans incluant le versement de sommes secrètes mais « significatives » par Google.

L’accord est mondial. Il concerne aussi bien le « Wall Street Journal », « Barron’s », MarketWatch et le « New York Post » aux Etats-Unis, le « Times », le « Sunday Times » et le « Sun » au Royaume-Uni, que « The Australian », News.com.au, Sky News et des titres locaux en Australie.

Il passe par le nouveau service Google Showcase, un service clé dans les discussions actuelles entre Google et la presse, en France, dans l’accord sur le paiement d’un droit voisin par Google aux éditeurs de presse, comme en Australie. Le géant de l’Internet américain préfère négocier des accords de gré à gré avec les éditeurs plutôt que de se voir imposer des obligations réglementaires de paiement aux titres de presse. Il a mis de côté 1 milliard de dollars sur trois ans pour Showcase, un système de panneaux dans les outils de Google mettant en valeur les médias et proposant certains de leurs contenus payants. Google revendique des accords avec 500 éditeurs.

Partage de revenus publicitaires

L’accord avec News Corp comporte également « le développement d’une plateforme d’abonnement, le partage de revenus publicitaires via l’adtech de Google, du soutien au journalisme audio et des investissements significatifs dans le journalisme vidéo par YouTube », le portail vidéo de Google. Certains s’interrogent sur le possible abandon de poursuites judiciaires importantes lancées contre Google par le groupe de Rupert Murdoch.

« J’aimerais remercier Sundar Pichai et son équipe à Google qui ont montré un engagement réfléchi en faveur du journalisme qui va résonner dans chaque pays », a déclaré Robert Thomson, directeur général de News Corp. On est loin des accusations « de ne rien avoir à envier à Kim Jong-un » ou de « biais délibéré contre le journalisme » proférées par les dirigeants de News Corp il y a quelques années. Le dirigeant de News Corp remercie aussi chaleureusement le patron de la Commission australienne de la concurrence et du consommateur, ainsi que le Premier ministre de l’île-continent, « qui sont restés fermes pour leur pays et pour le journalisme ».

Premiers accords en Australie

En Australie, Google est en train de signer des transactions avec les éditeurs individuellement sous la bannière Showcase, ce que certains interprètent comme une tentative de convaincre le législateur de ne pas appliquer de règles générales de paiement à l’ensemble des sites d’informations ou bien d’en être exempté dans un premier temps.

Si ces éditeurs réclament de l’argent aux plateformes, c’est qu’ils estiment que celles-ci génèrent de forts revenus grâce au trafic généré par les investissements des médias dans le journalisme. Les plateformes, elles, font valoir qu’elles renvoient du trafic monétisable vers les médias. Leur grande peur est que l’addition devienne salée si elles doivent payer la presse dans chaque pays.

Selon la presse australienne, le groupe Seven West Media aurait signé un deal avec Google évalué à entre 6 et 20 millions d’euros par an. Nine Entertainment, le puissant propriétaire du « Sydney Morning Herald », aurait signé un deal à 20 millions par an qui comprendrait l’accès gratuit pour les utilisateurs de Google à des contenus sélectionnés.

Mais mercredi, Facebook a annoncé son intention de restreindre le partage d’articles et de vidéos d’information par les éditeurs et les utilisateurs. «Nous faisons face à un choix désagréable: essayer de nous conformer à une loi qui ignore les réalités de la relation (entre le réseau et les éditeurs), ou bien cesser d’autoriser les contenus informatifs sur nos services en Australie », a expliqué le groupe californien dans un communiqué. «Avec le coeur lourd, nous choisissons la deuxième option ».

Lire : Les Echos du 17 février

 

Jean-Philippe Behr

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