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Une soixantaine de journalistes ont quitté le groupe Prisma après le rachat par Vivendi

Vivendi, piloté par Vincent Bolloré, a finalisé à la fin de mai l’acquisition de Prisma Media, suscitant des inquiétudes au sein des différentes rédactions du groupe.

Depuis le printemps dernier, soixante et un journalistes ont quitté Prisma Media, détenteur des titres Télé-Loisirs, Voici, Femme actuelle, Capital ou Gala. Prisma Media, le premier groupe de presse magazine en France, a été racheté par le groupe Vivendi, propriété de Vincent Bolloré, à la fin de mai. Interrogé par l’Agence France-Presse, Prisma Media a confirmé, vendredi 14 janvier, cette information donnée plus tôt par le syndicat SNJ-CGT.

« Quand vous changez d’actionnaire, quand vous êtes journaliste, vous avez la possibilité de prendre la clause de cession, c’est-à-dire de quitter l’entreprise avec vos indemnités conventionnelles. Résultat, à Prisma Media, nous avions quatre cents cartes de presse, là nous sommes déjà à soixante départs », a déclaré Emmanuel Vire, secrétaire général du syndicat SNJ-CGT et journaliste à Géo, publication du groupe, devant la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration des médias en France.

Selon M. Vire, la direction de Prisma Media évalue les départs de journalistes « à 140 à la fin de l’année ». « On aura à peu près 30 % des journalistes qui seront sûrement partis », a-t-il affirmé.

« Autocensure »

Le géant français des médias Vivendi, piloté par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, avait finalisé à la fin de mai l’acquisition de Prisma Media, suscitant des inquiétudes au sein des différentes rédactions du groupe. « L’interventionnisme de M. Bolloré, de Vivendi, ou d’autres, peut prendre des formes différentes : il peut devenir brutal comme il l’a été à Canal+ et Europe 1. A Prisma Media, ce n’est pas le cas, parce que M. Bolloré n’en a pas besoin », a-t-il affirmé. Les journalistes « partent pour deux raisons », a-t-il poursuivi : « Ils partent moins par peur d’une zemmourisation, d’une droitisation, que d’une dégradation de leurs conditions de travail. »

Huit mois après le rachat par Vivendi, il existe à Prisma Media un « renforcement des synergies », a expliqué le journaliste :

« Par exemple, on va mettre plus de Canal+ dans les magazines télé de Prisma Media, on va demander aux journalistes de plus parler de Canal+, de ses émissions. »

Et de poursuivre au sujet du magazine économique Capital. « Va-t-il continuer à parler des activités de Vivendi et de Bolloré ? Ce que l’on observe depuis le mois de juin, c’est qu’il n’y a plus rien dans Capital », a-t-il affirmé. « Je pense qu’il n’y a pas eu d’intervention de Vivendi ou de M. Bolloré, c’est de l’autocensure par peur, parce que les journalistes n’ont pas les moyens de résister derrière », a estimé M. Vire.

 

Lire : Le Monde du 14 janvier

 

Jean-Philippe Behr

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