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Librairies franciliennes : de forts écarts et une grande fragilité

Paris concentre les trois quarts des librairies franciliennes alors que certains départements paraissent sous équipés. Mais dans la capitale, le nombre de librairies a reculé de 27 % depuis 2002. Le e-commerce, l’essor des grandes surfaces culturelles, le prix des loyers pèsent sur un secteur par ailleurs plébiscité par le grand public.

 

Paris, capitale du livre, voit son étoile pâlir. Ses 704 librairies font d’elles le premier réseau de France, et peut-être du monde, mais ses boutiques ne résistent pas à la déferlante du e-commerce. « Leur part sur le marché du livre est passée de 47 % en 2007 à 39 % en 2019 » note le CROCIS (Centre Régional d’Observation du Commerce, de l’Industrie et des Service) dans une étude aussi récente qu’alarmiste.

L’Ile de France compte 935 librairies employant 3.070 salariés, dont les trois quarts sont concentrées à Paris. Les cinquième et sixième arrondissements, où règnent en maîtres Eyrolles et surtout Gibert, comptent une centaine de librairies chacun. Mais la capitale a perdu 27 % de ses établissements en 18 ans. Quand ils n’ont pas définitivement baissé le rideau, les libraires ont quitté le centre pour les arrondissements périphériques et la petite couronne.

935 librairies dont 49 dans les Yvelines

 

Certaines villes affichent un taux d’équipement satisfaisant, à l’instar de Versailles – qui possède sa propre librairie Gibert-, Fontainebleau ou Asnières-sur-Seine. Montreuil a le vent en poupe, mais Neuilly, Boulogne-Billancourt, Rueil-Malmaison ont perdu la moitié de leurs librairies en 18 ans.

 

La densité du réseau « banlieusard » n’a cependant rien de comparable avec la capitale, puisque le département en haut du podium, les Yvelines, ne dispose que de….49 librairies ! Les Hauts de Seine affichent 40 établissements, La Seine-Saint-Denis 35, la Seine et Marne 37. Tout en bas du tableau, Essonne et Val d’Oise, zones rurales peuplées d’une population au pouvoir d’achat moins élevé, apparaissent « nettement sous équipées ». Seul le Grand Cercle 95 à Cergy-Pontoise figure parmi les cinq premières librairies franciliennes.

Faibles marges de manœuvre

 

« Les librairies franciliennes sont dans une situation paradoxale : malgré une très bonne image auprès du public, un marché du livre plutôt stable, et un taux de sinistralité assez bas, beaucoup d’entre elles se trouvent dans une situation de grande fragilité financière qui les place à la merci du moindre incident ou retournement conjoncturel » remarque le Crocis.

 

Face à la hausse des charges, à la concurrence, ou à la flambée des loyers… les libraires n’ont que peu de leviers. Les marges restent tributaires du prix unique du livre et des relations avec les fournisseurs. Pour survivre, ils ont rogné sur leurs effectifs, en baisse de 11 % depuis 2009.

Vague Amazon

 

A la concurrence des grandes surfaces culturelles (Fnac , Cultura) où s’achètent 21 % des livres, s’ajoute celle du e-commerce, emporté par la « vague » Amazon. 13 % des ventes se font en ligne. « En proposant des frais de port à 0,10 euro, Amazon est parvenu à imposer dans les esprits le principe de la gratuité et le délai de 48 heures Or les libraires traditionnels qui proposent sur leur site web un module de vente en ligne ne peuvent pas lutter, que ce soit en termes de délai ou de prix » rappelle le Crocis.

 

Pour résister elles se fédèrent au sein de portails de services. Paris Librairies recense les stocks de 154 librairies, Librairies 93 géolocalise celles de Seine-Saint-Denis. Librest a mutualisé ses stocks et sa logistique pour aligner 350.000 références. Cela suffira-t-il ? Le sort des indépendants reste étroitement lié à celui des centres-villes. Et sa fragilisation entraîne, en amont, celle du marché de l’édition.

 

Lire : Les Echos du 4 mars

 

Télécharger : l’étude (4 pages)

 

Jean-Philippe Behr

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