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Bertrand Piccard : « Nous pouvons diviser par deux les émissions de C02 »

Le président de la Fondation Solar Impulse estime qu’il faut en priorité mettre en oeuvre les technologies existantes pour accélérer la lutte contre le réchauffement de la planète.

Bertrand Piccard est très engagé dans la lutte contre le réchauffement de la planète. Cinq ans après la COP21, il dresse un constat sévère, salue les efforts des entreprises, se démarque des partisans de la décroissance et livre ses propositions pour accélérer la transition climatique.

LE FIGARO. – Cinq ans après la COP21, les émissions de gaz à effet de serre augmentent toujours. Peut-on parler d’échec ?

Bertrand PICCARD. – Des engagements ont été pris il y a cinq ans et ne sont pas tenus. En ce sens, c’est un échec lié à la nature des COP. Elles fonctionnent sur des décisions prises à l’unanimité, or c’est très difficile de mettre tous les pays d’accord alors que leurs intérêts sont profondément divergents. Je ne veux pourtant pas être négatif pour autant. Je vois aussi que la frustration engendrée par la recherche systématique du consensus a certainement poussé de nombreux acteurs privés – maritime, industrie, textile, numérique… – et des régions, l’Île-de-France ou le Grand Est, notamment en France, à agir beaucoup plus qu’auparavant dans l’adoption de mesures qui mènent à la neutralité carbone.

Comment faire évoluer les COP ?

L’un des défauts majeurs des COP est de ne pas promouvoir les nombreuses innovations bonnes pour le climat et déjà rentables. Dans de très nombreux domaines, l’efficacité énergétique permet de réaliser des économies qui permettent de rembourser les investissements de départ. Sur la moitié de la planète, l’électricité des éoliennes ou du photovoltaïque est déjà deux fois moins onéreuse que celle produite à partir de pétrole, de gaz ou de charbon. Lors de ces grandes négociations internationales, les pays prétendent encore trop souvent que les réductions des émissions ou l’accélération de la transition énergétique sont des sacrifices auxquels il faut consentir, alors qu’en réalité cette transformation est synonyme de rentabilité économique, de création d’emplois, d’innovations, de modernisations des infrastructures, de lutte contre les gaspillages.

Se concentrer sur ce qui est efficace comme vous venez de l’évoquer, est-ce à la hauteur des objectifs affichés par la COP21 ?

Oui, c’est le cas en grande partie. Mises en place, les technologies actuelles permettraient de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre. Un exemple est particulièrement révélateur de nos marges de manœuvre. Le tiers de l’électricité dans le monde est consommé par les moteurs électriques industriels. Or les nouveaux moteurs sont 60 % plus économes. En se contentant de les moderniser, on peut économiser 25 % de l’électricité mondiale. Les innovations sont là, mais c’est leur mise en œuvre qui fait trop souvent défaut. Avec la Fondation Solar Impulse, nous avons identifié 850 solutions technologiques existantes dans l’eau, la mobilité, l’agriculture, l’industrie et bien d’autres secteurs encore, qui protègent l’environnement, créent de l’emploi, réduisent les gaspillages et génèrent du profit…

Lire la suite : Le Figaro du  12/12/20 pages 24 et 25

Pascal Lenoir

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