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Coronavirus : combien de temps reste-t-il infectieux sur des surfaces ?

Plusieurs études ont tenté d’estimer le temps durant lequel le virus restait infectieux sur des surfaces inertes, mais les chiffres sont plus complexes à appréhender qu’il n’y paraît au premier abord.

Risque-t-on d’être infecté en touchant avec ses mains des surfaces qui sont ou ont été en contact avec des malades du Covid-19 ? C’est possible, si l’on en croit les études qui ont tenté d’établir la durée de la « survie » du virus Sars-CoV-2 sur des surfaces inanimées. Mais même si le risque existe, ces durées ne sont pas à prendre au pied de la lettre et doivent être remises en perspective avec la façon dont les chercheurs tentent de les mesurer.

Lire Le Monde du 26/3/20

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Il faut préciser d’emblée qu’il est impropre de parler de « survie » du virus, étant donné que le virus n’est pas réellement « vivant ». « On parle plutôt de maintien de l’infectiosité, combien de temps il reste infectieux », précise Astrid Vabret, chef du service de virologie du CHU de Caen et spécialiste des coronavirus.

La stabilité du virus SARS-CoV-2 (responsable de la maladie Covid-19) dépend du type de surface considéré, si l’on en croit les deux principales études scientifiques publiées à ce jour sur la question. La première, parue le 6 février dans le Journal of Hospital Infection, a testé le virus sur huit surfaces différentes et l’a comparé à d’autres coronavirus (comme ceux responsables du SRAS de 2003 ou du MERS de 2012).

Les chercheurs ont retrouvé des souches viables du virus jusqu’à cinq jours après pulvérisation sur l’acier, le verre ou la céramique

Les résultats montrent que le virus peut persister sur ces surfaces entre deux heures et six jours (moins longtemps si la température ambiante approche des 30 °C). Les chercheurs ont ainsi retrouvé des souches viables du virus jusqu’à cinq jours après pulvérisation sur l’acier, le verre ou la céramique, sans avoir pu mesurer quelle quantité a été retrouvée sur chacune de ces surfaces. Des résultats assez variables (de deux à six jours) ont été obtenus pour le plastique, tandis que sur le latex et l’aluminium, quelques heures suffisent à tuer toutes les souches.

Une seconde étude, publiée dans le New England Journal of Medicine le 17 mars, a testé la résistance du virus sur d’autres matériaux, comme le carton et le cuivre, ou dans l’air, en le pulvérisant par aérosol. Les résultats montrent des durées de persistance inférieures à celles publiées par les précédents travaux, de trois heures (aérosols) à trois jours maximum (acier, plastique), en passant par des valeurs intermédiaires (vingt-quatre heures pour le carton), pour une même quantité de virus pulvérisée. Mais les deux études s’accordent sur un point : le plastique et l’acier sont les surfaces où la stabilité du virus a été la plus longue.

Une troisième publication, émanant des Centers for Disease Control and Prevention américains, a récemment indiqué que le matériel génétique du virus avait été détecté dans les cabines infectées de passagers du navire Diamond-Princess, où 3 700 personnes ont été mises en quarantaine en février, jusqu’à dix-sept jours après que ceux-ci les ont quittées. Mais il n’est pas possible d’en déduire qu’il y ait eu transmission à partir de ces surfaces contaminées, précisent les auteurs de l’étude, qui invitent à des investigations supplémentaires.

Les conditions matérielles (température, humidité, par exemple) n’étant pas connues, il est relativement difficile d’apprécier la validité d’une telle durée, et toute conclusion serait au mieux imprudente et hâtive, au pire totalement fausse. « On ne peut même pas s’assurer que le virus retrouvé peut réinfecter. C’est beaucoup trop flou », explique Bruno Grandbastien, médecin hygiéniste et président de la Société française d’hygiène hospitalière…

Pascal Lenoir

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