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Edition : Delcourt va fermer Verytoon, sa plateforme dédiée au webtoon

Lancée au début de l’année 2021, cette plateforme de diffusion de webtoons – un format de BD pour smartphone né en Corée du Sud et en plein essor dans le monde – appartenant au groupe d’édition français Delcourt va tirer le rideau le 31 juillet prochain.

 

En un peu plus de deux ans, Delcourt a écoulé plus de 1,2 million d’exemplaires de l’ensemble des opus papier de la série « Solo Leveling » en librairies. (Delcourt)

Clap de fin en vue pour Verytoon. Lancée au début de l’année 2021, cette plateforme de diffusion de webtoons – un format de BD pour smartphone né en Corée du Sud et en plein essor dans le monde – appartenant au groupe d’édition français Delcourt va tirer le rideau le 31 juillet prochain.

Poids lourd de la BD et des mangas en France, le groupe aurait décidé d’arrêter les frais en raison notamment de la concurrence de plus en plus accrue sur ce pan du marché en France, selon nos informations. Le marché tricolore, dominé par Naver (dit le « Google coréen »), a notamment vu débarquer, l’an passé, Piccoma (appartenant au géant coréen Kakao), mais aussi plus récemment les offres tricolores Ono (Media-Participations) et Allskreen (Ankama).

« C’est un secteur en phase de développement et il faut investir lourdement en marketing pour aller chercher des utilisateurs et conserver ou gagner des parts de marché. Sans compter que le prix moyen des droits d’adaptation en France d’une licence coréenne a été multiplié par entre quatre et cinq en deux ans pour atteindre parfois plusieurs centaines de milliers pour les plus populaires, expose une experte du secteur. Et Delcourt, dont l’activité sur le webtoon n’est pas encore rentable, a jugé qu’il valait mieux arrêter les frais, surtout face à des rivaux aux poches plus profondes, et se recentrer sur son coeur de métier. »

Le succès XXL de « Solo Leveling »

Le groupe avait pourtant connu un démarrage tonitruant. Parallèlement à sa plateforme Verytoon, Delcourt avait lancé, quelques mois plus tard, Kbooks, un label dédié à la transposition au format imprimé des licences coréennes, optant pour une stratégie « bimédia ». Et le groupe a eu du nez en mettant la main sur la franchise « Solo Leveling » qui est aujourd’hui la plus populaire en France.

En un peu plus de deux ans, le groupe a écoulé plus de 1,2 million d’exemplaires de l’ensemble des opus papier de la série en librairies. Un succès XXL qui a fait des émules chez les éditeurs tricolores. Kbooks va d’ailleurs continuer d’être exploité par Delcourt. Le groupe va même étoffer les équipes en proposant les nouveaux postes à la petite dizaine de salariés travaillant actuellement chez Verytoon, a déclaré le groupe aux « Echos ».

Un modèle « freemium »

« La gestion d’une plateforme comme Verytoon est plus complexe à gérer pour un éditeur traditionnel qui a des distributeurs et diffuseurs sur son coeur de métier et où ce sont les libraires qui vendent en bout de chaîne. Là, c’est une activité où il y a une vraie logique d’engagement et de communautés d’utilisateurs et où la relation est directe avec le lecteur. Ce n’est pas pour rien si ce sont des géants de la tech qui sont aujourd’hui des leaders sur ce marché », pointe un bon connaisseur du secteur.

A l’instar de ces derniers, Verytoon avait opté pour un modèle « freemium » avec des « coins » ; une monnaie propre à la plateforme que l’utilisateur acquiert pour pouvoir acheter des épisodes d’un webtoon quand il a atteint la limite de lecture gratuite ; les utilisateurs en ayant acquis sur Verytoon ont jusqu’au 31 juillet pour les utiliser, précise d’ailleurs la plateforme sur sa page d’accueil. En deux ans et demi, celle-ci avait constitué un catalogue d’un peu plus d’une centaine de séries de webtoons.

 

Lire : Les Echos du 22 juin

 

Jean-Philippe Behr

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