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Gallimard dans le viseur de l’antitrust suisse

Les librairies Payot, principal réseau en Suisse romande, ont porté plainte contre Madrigall (Gallimard, Flammarion…) auprès de la Comco. Les prix pratiqués par l’éditeur français sont en cause.

Les librairies suisses Payot et son patron, Pascal Vandenberghe, se dressent contre Madrigall (Gallimard, Flammarion) et les « tabelles » – le « surcoût » imposé par certains diffuseurs sur le prix d’un livre français en Suisse. Le PDG du principal réseau de librairies en Suisse romande – où près de 80 % des livres vendus proviennent de France -, a déclaré, dans le journal « Le Temps », qu’il avait porté plainte auprès de la Comco, l’autorité suisse de la concurrence, contre Madrigall en vue de mettre fin à ces pratiques de l’autre côté de la frontière où il n’existe pas de prix unique du livre comme en France.

« Racket »

« Les prix d’achat que nous imposent les principaux diffuseurs français sont supérieurs de 40 % à 45 % par rapport à leurs tarifs appliqués en France. C’est du racket, tacle Pascal Vandenberghe. La FNAC Suisse bénéficie, elle, des tarifs appliqués en France car FNAC Darty est y l’un des principaux clients des grandes maisons d’édition. Ce qui crée une distorsion de concurrence en Suisse avec un groupe comme le nôtre. » Les vendeurs transfrontaliers en profitent aussi. Contacté, le groupe Madrigall n’a pas souhaité faire de commentaires.

« Cela fait des années que les grandes maisons d’édition françaises font du gras avec la Suisse, note un expert du secteur. Cela a longtemps été le cas en Belgique, avant que la loi sur le prix du livre de début 2021 ne les force à changer leurs pratiques. »

En Suisse, ce sujet est un vieux serpent de mer. « Les libraires souffrent de ces tabelles trop élevées parce qu’elles sont injustifiables auprès des acheteurs », avait ainsi déclaré, Pascal Couchepin – alors ministre suisse de l’« Intérieur » (Affaires sociales, Education, Culture) – en… 2003. Mais les tentatives de mettre, ensuite, en place un prix unique du livre en Suisse ont avorté.

« Le dysfonctionnement est systémique »

Pour sa plainte, Pascal Vandenberghe s’appuie, juridiquement, sur la révision de la loi fédérale sur les cartels – entrée en vigueur au 1er janvier -, impliquant notamment que les importations directes réalisées auprès de groupes étrangers doivent se faire aux « conditions usuelles du marché (d’origine) ». Pour l’heure, la plainte déposée par Payot ne concerne que Madrigall et pas les autres poids lourds français du secteur que sont Hachette (Fayard, Grasset), Editis (Julliard, Plon) ou Média-Participations (Dargaud, La Martinière).

« On ne fait pas une fixation sur Madrigall. Le dysfonctionnement est systémique et cela aurait pu tomber sur les autres. Mais Madrigall est le premier à nous avoir fait une nouvelle proposition commerciale », note Pascal Vandenberghe qui l’a versée au dossier et va attendre la décision de l’antitrust suisse avant de lancer, éventuellement, d’autres poursuites judiciaires. Celle-ci est attendue pour les prochaines semaines.

 

Lire : Les Echos du 22 septembre

 

Jean-Philippe Behr

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