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La Manufacture d’Histoires Deux-Ponts : la culture de l’excellence

Basée à Bresson, l’imprimerie familiale a su tirer son épingle du jeu durant la crise sanitaire. Son crédo : des créations haut de gamme pour des grands groupes dédiés au luxe et aux beaux livres.

 

La Manufacture d’Histoires Deux-Ponts, c’est l’histoire d’une transmission datant de 1935, année de la création de l’imprimerie par le grand-père André Caillat qui a confié les rênes à son fils Michel en 1954. Aujourd’hui, c’est la troisième génération qui dirige l’entreprise : Renaud et Laurent Caillat ainsi que leur sœur Cécile Kebbal, responsable RH.

 

C’est également la poursuite d’un savoir-faire haut de gamme, l’utilisation de techniques d’impression de très haute qualité que le monde du luxe a adoubée. Une activité florissante et de nombreux projets que la crise du Covid-19 a légèrement perturbé.

 

« Notre premier trimestre 2020 était positif avec des carnets de commandes remplis, les ateliers ont donc poursuivi leurs activités, lieux où les gestes barrières sont aisément applicables, indique Renaud Caillat, le directeur général. Avec la crise sanitaire de nombreux événements et festivals comme celui de Cannes ou d’Annecy ont été annulés, et nous avons eu de la casse. Mais également de bonnes surprises. »

 

Si le secteur de l’évènementiel représente 20 % de l’activité de l’imprimerie iséroise, près de 60 % est dédié aux grands groupes du luxe : LVMH, Kering, Compagnie Financière Richemont. « Ces trois groupes du luxe apprécient que nos 34 métiers soient à la disposition des directeurs artistiques, des designers, des créatifs, des graphistes etc. Autant de compétences réunis sur un même site », souligne le dirigeant.

 

Quant aux 20 % restants, ils représentent des clients locaux et régionaux, notamment dans l’édition, ainsi que des institutions publiques prestigieuses à l’instar du centre Pompidou ou encore la Bibliothèque nationale de France. « La reliure est un métier sinistré en France, reconnaît l’imprimeur. On a rarement recours à de la sous-traitance. »

 

Renaud Caillat pointe cependant un problème rencontré avec les institutions : 80 % des livres subventionnés sont réalisés à l’étranger. « Sans faire de protectionnisme aigu, on se bagarre pour que le public donne une préférence à des industries françaises, à l’heure où le gouvernement souhaite réindustrialiser la France. C’est parfois difficile à faire comprendre », regrette Renaud Caillat. Des associations à l’instar de Culture papier, et des syndicats de l’imprimerie ont tenté de sensibiliser la classe politique, mettant notamment en exergue l’exemple allemand plus protectionniste où l’Etat abonde la différence afin que les marchés publics soient accordés à des entreprises nationales.

Un magazine tendance

 

La Manufacture d’Histoires Deux-Ponts a lancé son magazine « Le Singe & l’Ours », un titre issu de l’argot du métier : l’Ours désigne le compagnon pressier qui maniait les palettes de papiers et le Singe, le typographe agile qui composait les textes. Un lancement réalisé durant le confinement, avec l’idée de valoriser « les métiers du papier, un territoire dauphinois attractif et dynamique, et de mettre en lumière des restaurateurs et artistes coup de cœur ». Tiré à 5 000 exemplaires, le magazine est distribué à ses clients et prospects, l’objectif étant de gagner en visibilité par le biais également de hors-séries, publiés pour noël, l’été… « L’autre argument est de défendre le support papier face au digital, Ils sont différents mais peuvent vivre ensemble », estime Renaud Caillat.

 

L’imprimé n’a pas dit son dernier mot, et l’entreprise familiale non plus, la quatrième génération étant déjà à l’œuvre : le fils de Renaud Caillat, Stellio occupe le poste de directeur commercial depuis 13 ans.

Imprimer la parité

 

En cette période compliquée, le chiffre d’affaires 2020 reste identique à celui de l’an dernier, soit 17 M € consolidés (comprenant le CA de la manufacture histoire Deux- Ponts, et de son autre société 3C-évolution). D’ici fin d’année, l’entreprise espère atteindre 18 M€.

 

L’imprimerie qui emploie 140 salariés, dont un tiers de femmes, s’engage en faveur de la parité dans des métiers de l’imprimerie qui ont gagné en technicité. L’imprimerie a été labélisée « Entreprise du patrimoine vivant » en 2012 et a décroché le prix du meilleur imprimeur français en 2016 ainsi que le 60ème Cadrat d’or pour huit réalisations exemplaires. Cette année, l’entreprise familiale a fêté ses 85 ans et a obtenu le label RSE Print Ethic.

 

Lire : L’Essor de l’Isère du 9 octobre

 

Jean-Philippe Behr

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