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Le coronavirus menace la presse américaine

Si l’audience des sites d’information a profité de la crise, les recettes sont au plus bas et menacent un secteur déjà durement frappé ces dernières années. Plusieurs éditeurs demandent un plan d’urgence pour la presse, les titres régionaux étant les plus fragiles.

 

La presse américaine était déjà en danger. Le coronavirus pourrait l’achever. L’existence de nombreux titres se voit menacée par l’effondrement du marché publicitaire aux Etats-Unis, en particulier dans la presse régionale.

 

Un peu partout dans le pays, des journaux ont annoncé recourir à du chômage partiel, certains ont même licencié. Le plus grand groupe de presse locale, Gannett, qui détient plus de 260 titres dont « USA Today », a ainsi annoncé une nouvelle série de mesures pour réduire ses coûts, dont un programme de chômage partiel dans ses rédactions, d’avril à juin. Son patron, Paul Bascobert, a aussi renoncé à son salaire pendant la crise.

Des audiences en hausse

 

La distribution est aussi touchée. Le plus grand journal de Floride, le « Tampa Bay Times », a décidé de réduire sa parution : à partir de cette semaine, il n’est plus imprimé que le mercredi et le dimanche. Une décision qui devrait lui permettre de compenser en partie un chiffre d’affaires publicitaire en chute de 50 %. En l’espace de deux semaines, ce sont ainsi pour 1 million de dollars de campagnes qui ont été annulés. Le « Los Angeles Times », de son côté, a réduit sa pagination et gelé ses embauches.

 

La crise vient toucher un secteur déjà exsangue depuis plus de dix ans. Entre 2008 et 2018, ce sont 47 % des journalistes américains de presse écrite qui ont perdu leur emploi. Depuis 2004, 1.800 titres de presse ont disparu.

 

La situation est d’autant plus paradoxale que les médias bénéficient d’une audience sans précédent alors que la majorité de la population américaine est confinée. Selon ComScore, la fréquentation des sites d’actualité a grimpé de 20 à 30 % en mars. Et le temps passé sur une douzaine de sites, parmi lesquels ceux du « New York Times » et du « Wall Street Journal », Business Insider, The Atlantic ou Wired, a augmenté de 46 % en un an. Mais les recettes tirées de l’arrivée de nouveaux abonnés sur le numérique ne compensent pas les pertes.

Un plan d’aide ?

 

Aucun programme spécifique pour les médias n’a été intégré au plan de relance de 2.000 milliards de dollars adopté il y a quelques jours. Mais la plupart peuvent postuler aux crédits attribués aux PME, dont le montant (350 milliards de dollars) ne devrait pas suffire. Une autre vague est à l’étude.

 

Certains demandent toutefois des aides d’urgence. Le « Seattle Times » a ainsi évoqué, dans un éditorial, un plan spécifique de 1 milliard de dollars pour la presse, justifié par les efforts consentis par le secteur pour continuer à informer le public et la suppression du « paywall » dans certains cas. Le fondateur de l’organisation Report for America, Steve Waldman, a aussi lancé l’idée de publicités de santé publique placées dans les journaux pour soutenir le marché.

 

Facebook, qui a cannibalisé une partie des recettes publicitaires des éditeurs ces dernières années, est déjà venu en aide au secteur en accordant de nouvelles bourses à des titres régionaux, pour un montant de 25 millions de dollars, ainsi que des initiatives marketing pour 75 millions.

 

Lire : Les Echos du 9 avril

 

Jean-Philippe Behr

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