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Le fondateur de Cafeyn est mort

Ari Assueid, le fondateur et CEO de ce kiosque de presse numérique, est mort brutalement à 45 ans. Il rêvait de faire émerger un « Spotify de l’information ».

Les 200 salariés de Cafeyn sont encore sous le choc. Jeudi dernier, Ari Assueid, le fondateur et CEO de ce kiosque de presse numérique, est mort brutalement à Londres où il résidait avec son épouse et leurs trois enfants. Il avait 45 ans.

Armé d’un diplôme en finance de la Sorbonne et d’un master décroché à Paris-Dauphine, cet ancien banquier d’affaires, au physique de jeune premier, fut aussi, un temps, directeur général de la marque de cosmétiques By Terry, fondée par la mère de son épouse. Mais dès 2006, il cofonde LeKiosk qui deviendra Cafeyn en 2019.

Fils d’entrepreneur dans l’automobile

L’histoire raconte que, frustré de ne pas pouvoir lire la presse française et notamment « L’Equipe », lors d’une année passée aux Etats-Unis, ce grand amateur de tennis, joueur de football à ses heures, a l’idée de rendre disponibles les journaux en PDF de n’importe où dans le monde. A l’époque, « l’iPad n’existait pas encore », rappelle son entreprise.

Ce fils d’un entrepreneur de l’industrie automobile et d’une professeure de français qui lui a donné « le goût des mots » rêvait de faire de Cafeyn « le leader mondial des plateformes de streaming de l’information, comme Spotify ou Netflix peuvent l’être dans l’univers de la musique ou de la vidéo à la demande », avait-il confié au magazine « Challenges ».

Leader en France

Il s’était installé à Londres en 2018 pour internationaliser Cafeyn, mais il restait terriblement attaché à Paris, sa ville natale. Aujourd’hui, Cafeyn est le leader du marché français des kiosques de presse numériques, notamment distribué par les opérateurs SFR et Free, mais aussi par Bouygues Telecom, son allié originel lorsqu’il s’appelait encore LeKiosk.

Un nouvel entrant, Prisma Media, vient de lancer son service, PassPresse, pour à peu près le même prix mensuel autour de 10 euros. Il est accessible à tous les abonnés de Canal+. Ces derniers ont perdu en revanche l’accès à Cafeyn.

3 millions d’utilisateurs

Comme lorsqu’il avait dû voir partir « L’Equipe », qui concentrait une bonne partie des consultations sur Cafeyn, Ari Assuied était resté calme, face à l’irruption de PassPresse, le mois dernier. « Nous continuons à être présents dans nos autres canaux de distribution, rassurait-il alors. Notre offre est la plus large du marché, elle rencontrait un franc succès auprès des utilisateurs de Canal+ qui pourront décider par eux-mêmes de venir s’abonner à notre service. » En moyenne, un nouveau titre entre au catalogue chaque semaine, précisait-il.

Profitable et forte de 3 millions d’utilisateurs actifs, partenariats inclus, Cafeyn est toujours en train d’absorber les activités de son principal rival, le suédois Readly, sur tous les marchés non scandinaves (dont la France). Leurs catalogues se marient bien. Réunies, les deux plateformes rassembleraient plus de 7.000 publications à travers le monde, constituant un « champion européen » et un « leader mondial des services de streaming d’information en dehors de la région scandinave ».

Défenseur de la presse

Eminemment discret, adepte des journées de travail à rallonge, Ari Assuied était mû par une foi en la presse. Et n’était pas avare de tribunes pour la défendre. Il s’indignait de l’émergence de « déserts de l’information » et s’épouvantait du fait que « seuls 15 % des Français déclarent accepter ou avoir les moyens de payer pour une information fiable ». Il militait pour faire de l’information de qualité une priorité de l’action publique, avec, par exemple, la création d’un « passe information » sur le modèle éprouvé d’un passe Culture et destiné aux jeunes.

Ses salariés soulignent sa bienveillance, sa résilience et son attachement aux valeurs familiales. « Je suis très touchée par son décès. Ari était pugnace, persévérant et c’était toujours agréable de négocier avec lui. Il était passionné par son groupe et par la presse », a réagi Lise Benamou, directrice des revenus clients et du marketing au groupe « Les Echos-Le Parisien ».

 

Lire : Les Echos du 9 octobre

 

Jean-Philippe Behr

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