Lors des trois premiers mois de l’année, les ventes sont en recul par rapport à l’exercice 2024.
Dense, la dernière rentrée littéraire d’hiver n’a pas suffi à renverser la tendance. Lors des trois premiers mois de l’année, les ventes de livres ont diminué, en valeur, de 3,4 % sur un an, selon l’Observatoire de la librairie qui quantifie la baisse en volume à 4,6 %.
« En 2024, le marché était déjà en baisse sur cette période et celle-ci s’accentue encore. Les remontées de terrain sont assez inquiétantes », pointe Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française (SLF), dont les adhérents pèsent plus des trois quarts du chiffre d’affaires national des librairies indépendantes.
En janvier, le marché avait signé une légère hausse en valeur (0,4 %) avant de s’infléchir (-4 %) en février puis de reculer plus encore (-6,2 %) en mars. « La situation internationale est conflictuelle et cela suscite toujours de l’attentisme dans l’achat de livres, souligne Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition (SNE). Et les effets cycliques du marché de l’édition, qui demeure en progression par rapport à la période pré-covid, sont de plus en plus marqués avec un gros pic lors des fêtes de fin d’année avec des périodes plus moroses le reste de l’exercice. »
En élargissant la focale aux enseignes comme la Fnac, Cultura ainsi que les grandes et moyennes surfaces, la chute est moindre. Lors du premier trimestre, le marché a ainsi légèrement décru en volume (-1 %) tout en progressant en valeur (+1 %) grâce à la hausse de prix, selon NielsenIQ GfK.
La raison ? « La littérature populaire se porte bien et le lectorat de ce type d’ouvrages fait probablement moins ses achats en librairies dans la majorité des cas », explique Vincent Montagne.
Phénomène commercial « La Femme de ménage »
De fait, le classement des meilleures ventes dressé par NielsenIQ GfK semble confirmer cette théorie. Dans le Top 6, on retrouve ainsi les trois tomes du phénomène commercial « La femme de ménage », ainsi que le dernier livre de Joël Dicker, « La Très Catastrophique Visite du zoo ».
Parmi les autres livres ayant tiré leur épingle du jeu, on retrouve « Un avenir radieux » (aux éditions Calmann-Lévy) de Pierre Lemaître avec plus de 170.000 ventes selon nos informations, « J’emporterai le feu » (Gallimard) de Leïla Slimani (plus de 100.000 ventes), « Renaissance » (Michel Lafon) d’Agnès Martin-Lugand (plus de 55.000 ventes) ou encore « Mon vrai nom est Elisabeth » (Editions du Sous-sol) d’Adèle Yon (plus de 20.000 ventes).
Dopée par la romance, la littérature générale a progressé de 7 %, sur un an, entre janvier et mars, selon NielsenIQ GfK. En hausse de 10 %, le segment du pratique est aussi sur une bonne dynamique. A contrario, la bande dessinée (lestée par le manga) et la jeunesse reculent respectivement de 8 % et 6 %.
« Une lame supplémentaire »
Alors que le sujet du livre d’occasion est plus que jamais au centre des débats dans le secteur, c’est davantage la réforme du Pass Culture qui inquiète les libraires. Entrée en vigueur début mars, celle-ci s’apparente à une sévère potion d’austérité.
« Il est regrettable et assez incompréhensible de sacrifier un dispositif efficace pour l’accès des jeunes à la lecture au moment où le ministère de la Culture lui-même, via le CNL, publie des chiffres inquiétants sur la baisse de la lecture », note Guillaume Husson.
« Pour les libraires, les premiers effets commencent à se faire ressentir et ils vont s’accentuer, En moyenne, cela représentait 3 % du chiffre d’affaires de nos adhérents avec des pics allant jusqu’à 6 % pour certains. C’est une lame supplémentaire qui va faire mal à beaucoup de libraires. »