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L’édition confrontée à une baisse de 4,4 % de son chiffre d’affaires

Concurrence de Netflix et des écrans, temps de lecture en baisse, surproduction d’ouvrages ne trouvant pas preneur… Les éditeurs ont souffert en 2018.

 

Directeur général du Syndicat national de l’édition (SNE), Pierre Dutilleul a désormais un ennemi en ligne de mire : « Netflix est notre principal concurrent », lâche-t-il mercredi, dans le grand jardin de l’hôtel de Massa, à l’occasion de la publication du rapport d’activité du SNE pour 2018-2019. Le temps est caniculaire mais les chiffres refroidissent illico les éditeurs présents.

 

En 2018, en effet, le chiffre d’affaires du marché de l’édition s’est établi à 2,67 milliards d’euros, en baisse de 4,38 % par rapport à 2017. Le nombre d’exemplaires vendus, quant à lui, est tombé de 430 millions en 2017 à 419 millions en 2018, soit un recul de 2,52 %. La diminution des achats entre en brutale collision avec la production de livres, qui s’est encore accrue de 2 % pour culminer à 106.799 livres (nouveautés et rééditions confondues).

L’Archipel en négociations exclusives avec Editis

 

L’indépendance deviendrait-elle un luxe dans l’édition ? Mercredi, Editis a annoncé être entré en négociations exclusives avec le groupe L’Archipel (L’Archipel, Archipoche, Presses du Châtelet…) pour l’acquisition de 100 % du capital. Créé en 1991, L’Archipel demeurera présidé par son fondateur Jean-Daniel Belfond, qui sera directement rattaché à Pierre Conte, directeur général d’Editis.

 

L’affaissement de 5,70 % de la littérature générale – et donc des romans, piliers de l’édition -, qu’aggrave encore la crise traversée par les livres de sciences (-4,99 %), les ouvrages d’art et les beaux livres (-4,94 %), ou encore les dictionnaires (-18 %) démontre le caractère structurel de la crise. Même si la quasi-stabilité de la BD (-0,46 %) et la progression des documents d’actualité et des essais (+6,15 %) comme d es livres destinés à la jeunesse (+2,13 %) atténue l’amertume du constat.

Retrouver des lecteurs

 

« Sur les plates-formes, mais aussi les acteurs historiques comme Canal+, TF1 et M6, nous avons affaire à des ‘produits’ – et je dis bien des ‘produits’ – écrits, scénarisés et marketés à la perfection, reprend Pierre Dutilleul. Des séries comme ‘Game of Thrones’ , ‘Le Bureau des légendes’, ‘Baron Noir’… atteignent la même qualité, voire une qualité supérieure à celle de certains longs-métrages. »

 

Vincent Montagne, président du SNE, va plus loin encore : « Notre premier ennemi, c’est le temps. Avant, quand il pleuvait, c’était naturel de prendre un livre. A présent, c’est à un acte volontaire. Tellement d’autres possibilités sont ouvertes… » En dix ans, le temps de lecture hebdomadaire est tombé de 5 h 45 à 5 h 15. « Notre priorité, c’est de retrouver des lecteurs », martèle Pierre Dutilleul.

Décollage du livre numérique

 

Néanmoins, l’évolution des usages paraît inéluctable. Après une longue stagnation, le livre numérique paraît enfin décoller avec un chiffre d’affaires en progression de 5,1 % par rapport à l’année précédente, à 212 millions d’euros. Une bonne nouvelle, compte tenu de la dégradation du secteur.

 

La part des ventes numériques s’établit désormais à 8,42 % du chiffre total des éditeurs. Quant au livre audio proprement dit, disponible en CD comme en « streaming » sur tablettes et smartphones, il a connu en 2018 une croissance à deux, voire trois chiffres, selon le SNE.

 

De nouvelles options sont ouvertes, comme la possibilité, pour  l’abonné Canal+ (Vivendi) de se voir proposer un abonnement au livre audio Lizzie (Editis/Vivendi), via l’ offre MyCanal. « Nous faisons de la bataille de la voix l’une de nos priorités cette année », insiste Pierre Conte, directeur général d’Editis.

 

Lire : Les Echos du 25 juin

 

Jean-Philippe Behr

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