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« Les citoyens doivent prendre conscience de leur humanité numérique »

Entretien avec les auteurs de « Notre si précieuse intégrité numérique »

L’ouvrage “Notre si précieuse intégrité numérique” part d’un constat : tous les efforts pour défendre nos intérêts numériques ont jusqu’ici échoué et si nous voulons garantir le respect de cette intégrité – à l’instar de celles physiques et morales – il faut développer de nouvelles réflexions politiques. C’est ce que font avec audace Grégoire Barbey et Alexis Roussel dans leur essai. Les deux trentenaires proposent de placer le numérique au cœur des droits fondamentaux. Parmi les mesures envisagées, rendre la collecte des données personnelles par des tiers et les États illégale et criminelle. Un véritable changement de paradigme à la hauteur du droit à la protection des individus pendant leurs vies numériques.

Propos recueillis par Édouard Laugier

En guise de mise en bouche de votre livre, vous écrivez un article fiction sur le mouvement du Grand effacement qui attaque un bâtiment de l’administration fiscale au motif que l’État vend des données personnelles pour financer ses investissements. L’administration fiscale a toujours collecté des données personnelles mais elle ne les a jamais commercialisées – rassurez-nous. Et pourtant, est-ce que cela pourrait vraiment arriver dans un futur proche ?

Alexis Roussel – Il y a quelques années, on pensait impossible que l’administration fiscale française vérifierait un jour les profils des réseaux sociaux pour déceler des potentiels fraudeurs. On pensait impossible que des systèmes de vidéosurveillance gérés par la police seraient renforcés par de la reconnaissance faciale. Avec cet exemple qui semble absurde, on voulait montrer qu’il est toujours possible d’aller plus loin, au point que la collecte de données devienne l’enjeu même de la politique publique.

“Il est toujours possible d’aller plus loin, au point que la collecte de données devienne l’enjeu même de la politique publique”

La société américaine Palantir a profité de la pandémie pour offrir gratuitement ses outils de gestion de santé aux États européens en échange de pouvoir utiliser les données personnelles des populations récoltées. On n’est plus très loin de notre fiction absurde. Si l’on ne force pas les États à modifier leur vision de la gestion des données personnelles, nous y arriverons plus vite que nous le pensons…

Lire la suite : Le Nouvel Economiste du 6/9/21

Pascal Lenoir

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