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Les métavers sont quasiment déserts

Malgré leur valorisation importante, les principaux métavers utilisant la blockchain ont une audience anecdotique. Ces chiffres révèlent le défi que doivent relever ces plateformes pour imposer leur vision d’un nouveau Web. Ils sont aussi le résultat du buzz fou sur le métavers.

« Decentraland, 1,3 milliard de dollars et 38 utilisateurs actifs quotidiens. » C’est avec ce titre assassin que le média spécialisé CoinDesk pose la question de la vacuité des métavers. Pour son concurrent The Sandbox, à la valorisation proche, le bilan serait à peine mieux avec 522 personnes sur 24 heures. Les deux plateformes ont vite réagi pour tenter de réhabiliter leur audience.

The Sandbox, qui concentre ses utilisateurs sur des périodes de quelques semaines pour maximiser son audience (avant de tout refermer entre ses différentes « saisons »), fait état de 39.000 visiteurs uniques par jour et de 201.000 utilisateurs par mois. Decentraland, de son côté, communique sur 56.697 utilisateurs actifs mensuels. Pour tenter d’appréhender ces chiffres, The Sandbox attirerait autant de monde chaque mois qu’un média B to B (selon l’ACPM) tel qu’Acteurspublics.com et Decentraland, lui, dépasserait à peine Cardiologie-pratique.com.

Deux méthodes pour un même bilan

Ces chiffres diffèrent de ceux de CoinDesk car ils font état du trafic observé dans ces mondes virtuels, tandis que le média américain se base sur les transactions réalisées dans ces métavers (mesurées par DappRadar). Cette méthodologie vise à refléter l’appétence des utilisateurs pour ce qui est central dans ces plateformes reposant sur la blockchain : le nombre d’achats de NFT. DappRadar vient de revoir sa méthode de calcul pour Decentraland, estimant qu’elle était lacunaire. Sur 24 heures, on obtient désormais 3.400 opérations. Pour The Sandbox (pour qui la méthode n’a pas changé), c’est 254…

Cependant, cette méthode est incomplète. Comme l’a expliqué le PDG de The Sandbox, Arthur Madrid, « cela revient à mesurer la fréquentation d’un centre commercial en se basant sur les passages en caisse ». Mais là n’est plus le débat. Car dans les deux cas, « ces chiffres ne sont pas à la hauteur des promesses », relève un très bon connaisseur, et « sont révélateurs de mauvais produits ». Après une année de battage, tout ça pour ça ?

« Ces métavers reposant sur une blockchain sont liés aux cycles du marché cryptos, en plein ‘bear market’ depuis plusieurs mois », tempère Guillaume Delacroix, consultant chez Havas Blockchain. Concernant The Sandbox, « la plateforme est encore en version alpha, et donc en plein développement », nuance-t-il encore, avant de conclure que ces métavers « sont victimes d’un buzz avant tout provoqué par Meta et des marques qui ont eu peur de passer à côté de quelque chose ».

Une expérience trop pauvre

Il y a quand même le problème de l’expérience. Alors que Decentraland est un réceptacle de marques voulant créer leur showroom dans le métavers, The Sandbox se montre plus soucieux d’équilibrer les forces entre annonceurs et licences, telles que les Schtroumpfs, The Walking Dead ou Snoop Dogg. Ces mondes proposent tous une expérience de jeu, mais elle est toujours la même : collecter des gemmes (« Voxelit ») sous forme de NFT donnant droit à des bonus.

Signe d’espoir pour le concept de métavers, toutefois, les jeux vidéo en ligne que l’on qualifie désormais de la sorte comme Roblox, Minecraft ou Fortnite, n’en finissent pas d’amasser une audience fidèle.

Lire : Les Echos du 12 octobre

 

Jean-Philippe Behr

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