A l’heure du tout dématérialisé une poignée de passionnés perpétuent la tradition ancestrale des papiers faits main dans des moulins à papier. Il en existe actuellement seulement une vingtaine en France, dont de nombreux réhabilités récemment. Le Moulin du Liveau au sud de Nantes fête ses 10 ans en 2025.
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Le Moulin à Papier du Liveau c’est d’abord une superbe bâtisse remontant au 15ᵉ siècle et située en bord de rivière.
Nous sommes au bord de la Sèvre nantaise, un des affluents de la Loire, au niveau de la commune de Gorges, tout proche de Clisson l’italienne, à 30 kilomètres au sud-est de Nantes.
À l’origine constitué de deux moulins à farine, il était la propriété des seigneurs de Clisson jusqu’en 1561. Pendant la majorité de son existence, il est resté sur cette production de farine.
Ce n’est qu’à partir de 1826 qu’il a été transformé en moulin à papier. On y fabrique de « gros papiers gris » ou « papier à enveloppes » (papier d’emballage) vendus aux raffineries de sucres de Nantes.
La fin d’une époque
1850 marque la fin de l’activité papetière. Un phénomène général en France qui s’explique par l’apparition de nouvelles énergies qui voient le jour, les forges, la vapeur, et puis l’électricité pour produire le papier.
Et surtout par une révolution dans la fabrication même du papier, comme l’explique la responsable du Moulin du Liveau.
De nouvelles machines sont apparues également, beaucoup moins énergivores, qui ne nécessitaient plus l’énergie hydraulique, et beaucoup plus pratiques pour raffiner le bois.
« Autant d’éléments qui font que très rapidement, la production de papier s’est un peu éloignée des rivières, sans jamais trop s’éloigner, parce qu’il faut quand même beaucoup d’eau pour faire du papier » resitue Anne Leroy.
En 2024, on comptait 19 moulins à papier encore en activité en France selon le Ministère de la Culture.
Une renaissance à l’aube de l’an 2000
Racheté à l’abandon par la commune de Gorges en 2001, le moulin a été restauré en 2014 puis ouvert en 2015 grâce à la ténacité des membres d’une petite association « Pour les Arts Graphiques en Vallée de Clisson » cousine de celle qui a créé le musée de l’imprimerie de Nantes.
Grâce à ses deux salariés et notamment l’animateur Yannick Péaud des visites guidées sont organisées tous les jours.
En une heure, les visiteurs peuvent parcourir les différentes salles du moulin, de la roue à aube qui fournit la force motrice aux pressoirs jusqu’à la fabrication à la main d’une feuille à papier authentique à base de vieux tissus.
C’est justement ce qu’explique Yannick Péaud lors de sa visite et qui ne manque jamais de surprendre le public.
« Avant 1850, on ne savait pas encore extraire la cellulose du bois, donc on utilisait de vieux chiffons qui étaient fabriqués avec du chanvre, du lin, du jute et on extrayait la cellulose des tissus » rappelle l’animateur du Moulin du Liveau.
« Ensuite la pâte à papier, on va la mélanger dans beaucoup d’eau et on ne va récupérer que la fibre de la pâte pour faire la feuille de papier » poursuit l’animateur.
Dernière étape, souvent la plus spectaculaire : la presse à la main pour obtenir le produit final.
À l’époque de l’activité papetière du site, entre 1826 et 1850, cette étape seule nécessitait trois ouvriers pour la mener à bien.
Une fête pour les 10 ans
Inès, une jeune étudiante qui réalise son stage de BTS en Développement et Animation des Territoires Ruraux sur place, a elle-même découvert cet univers dans une visite du Moulin à Papier et se dit bluffée par cette pratique qu’elle ne connaissait pas.
Le Moulin à Papier du Liveau fête justement ses 10 ans avec une entrée libre de 14h à 18h à l’exposition « l’aventure de l’écriture ».
Pendant les vacances scolaires, le Moulin à Papier organise également une série d’animations pour les enfants et les traditionnelles visites guidées en famille.