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Pâte à papier : une dernière chance pour Tarascon

Sous étroite surveillance de l’État, l’usine, menacée de liquidation tout en faisant face à un procès, risque une amende pouvant aller de 50 000 à 500 000 euros.

Après un premier prêt de 7 millions d’euros du Fonds de développement économique et social (FDES) faisant suite à un placement en redressement judiciaire en octobre 2020, l’État français est « prêt à apporter un nouveau soutien financier » à l’usine de pâte à papier Fibre Excellence (FET) de Tarascon (Bouches-du-Rhône). Selon la députée Monica Michel (LREM), la somme injectée est cette fois de 1,6 million d’euros. L’élue estime que « le risque que soit prononcée la liquidation de FET est réel » et qualifie cette aide de « dernière chance de sauver » cette entreprise.  « L’État prend à nouveau acte de l’absence d’offre de reprise viable à ce jour et en particulier du refus de l’actionnaire de soutenir financièrement la société », indique la préfecture des Bouches-du-Rhône. Le nouveau soutien financier vise à « prolonger la période d’observation » afin « d’éviter un arrêt brutal de l’activité du site et de poursuivre la recherche de solutions pour les 280 salariés du site et les acteurs de la filière bois qui en dépendent ». Plus gros producteur de pâte à papier de France selon son directeur Jean-François Guillot, l’usine consomme plus de 1,2 million de tonnes de bois par an, ce qui la place « dans le top 10 des entreprises nationales de transformation du bois », selon le ministère de l’Économie.

Substances polluantes

L’usine est actuellement jugée pour avoir émis des substances polluantes au-delà des seuils autorisés et utilisé des équipements non conformes : elle risque jusqu’à 500 000 euros d’amende. Le parquet a requis le mercredi 6 janvier 50 000 euros d’amende. Si le maximum encouru est de 500 000 euros, le procureur Laurent Gumbau a estimé qu’il fallait « être raisonnable » compte tenu « des difficultés de l’entreprise ». Le délibéré est attendu le 31 mars. Fibre Excellence comparaissait pour « émission de substances polluantes » aux « conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine », notamment des métaux lourds et des oxydes d’azote. Classée Seveso, l’usine se voit aussi reprocher l’utilisation d’installations non conformes. Un inspecteur de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) a pu constater de « forts dépassements » de substances polluantes et a évoqué à la barre le « déni » de la direction de l’entreprise sur ces questions jusqu’en 2017. Interrogé par la présidente du tribunal sur l’absence d’investissements, Roger Girard évoque « une mentalité indonésienne moins portée sur les questions environnementales ». Le directeur général délégué de l’entreprise depuis 2019 a aussi fait valoir la succession de quatorze directeurs en 30 ans. Conclusion : « Le bateau ne sait plus où aller. »

APP

Implanté depuis les années 1950, Fibre Excellence Tarascon produit 250 000 tonnes de pâte. Le site a été lâché par son actionnaire canadien Paper Excellence, une société elle-même détenue par Jackson Widjaja, dont la famille dirige Asia Pulp and Paper (APP), le géant indonésien du papier et du carton.

Lire : Emballages Magazine du 15 janvier

 

Jean-Philippe Behr

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