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Thierry Petit : « L’e-commerce, c’est le sens de l’histoire »

Le cofondateur de Showroomprivé, analyse l’accélération du commerce en ligne et la transformation des comportements d’achat.

Le cofondateur et codirigeant, avec David Dayan, de Showroomprivé – un pionnier du web en France – analyse les actuels bouleversements.

LE FIGARO. – Qu’avez-vous retenu de la crise sanitaire?

Thierry PETIT. – L’incroyable résilience de tout l’écosystème du commerce! Les marques, les clients, les logisticiens, La Poste… tout le monde a su s’adapter. Chez Showroomprivé, nous sortions à peine de deux années de restructuration quand la pandémie a commencé l’an dernier. Nous avons basculé en mode urgence et nos salariés ont su trouver les solutions, même quand il fallait faire des shootings photo en plein confinement. Résultat: 2020 a été une année de croissance pour nous, dans un contexte qui a dopé le commerce en ligne.

L’e-commerce ne va-t-il pas refluer avec la réouverture des magasins?

La pénétration du digital a pris deux ou trois années d’avance par rapport à ce qui était escompté avant la pandémie. En mode, de nouveaux consommateurs se sont convertis aux achats en ligne. Ceux qui achetaient déjà en ligne ont étendu leurs achats à de nouvelles catégories de produits, comme la décoration et la maison. Il n’y aura pas de retour en arrière. Les clients ont goûté aux avantages de la vente en ligne: références très nombreuses, facilité d’utilisation… Les marques ont compris qu’elles ne pouvaient plus considérer le numérique comme un simple magasin supplémentaire, mais bien comme un canal essentiel. Elles travaillent à améliorer leur offre digitale: c’est une condition de survie. D’ailleurs, la croissance de l’e-commerce en France est tirée par les enseignes classiques, plus que par les pure players.

Cette évolution n’est-elle pas inquiétante pour l’avenir des magasins et des centres-villes?

Cette polémique n’est pas la bonne. Il y a beaucoup de synergies entre l’e-commerce et les magasins physiques. Les boutiques attirent une nouvelle clientèle en servant de relais colis. Elles peuvent faire du click and collect, élargir leur offre… J’ai été choqué par les propos d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, appelant à boycotter Amazon. Amazon est très critiquable sur sa politique fiscale, mais n’oublions pas qu’une multitude de petits commerçants vendent sur cette plateforme! L’e-commerce, c’est le sens de l’histoire. Mieux vaut réfléchir à comment aider les commerçants à vendre en ligne. Je m’inquiète de la capacité de certaines marques à financer leur numérisation.

Les achats d’habillement baissent en France chaque année en valeur depuis 2008. Cette tendance va-t-elle s’arrêter?

Cette baisse de la valeur des achats a été la conséquence du développement de la fast fashion. Aujourd’hui, il y a une prise de conscience. Une partie importante de la population veut acheter des produits fabriqués en France ou plus près, dans de meilleures conditions sociales et écologiques. Pour perdurer, les marques vont devoir changer leur manière de produire. La seconde main est aussi une tendance massive: 20 % à 25 % de la consommation française de vêtements passe aujourd’hui par Vinted, qui expédie 14 millions de colis par mois. Showroomprivé n’est pas dans la seconde main car cette activité n’a, pour l’instant, pas de modèle économique. Mais notre spécialité – la revente d’invendus – est responsable. Nous cochons les trois grandes attentes des consommateurs: le prix, les marques, la responsabilité écologique…

Lire la suite : Le Figaro du 12/6/21 page 24

Pascal Lenoir

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