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Vivendi cherche à se réinventer un avenir de haut plan dans l’édition

Alors que Vivendi a notifié mardi à la Commission européenne son projet de rapprochement avec Lagardère et cherche un repreneur pour Editis, le numéro deux français de l’édition, le groupe Lagardère s’est déclaré intéressé par une potentielle acquisition du géant américain Simon & Schuster, s’il était remis en vente.

Où va Vivendi dans l’édition ? C’est la question qui fait trembler tout le secteur du livre alors que le rapprochement entre Vivendi et Lagardère entre dans sa dernière ligne droite et vient d’être notifié à Bruxelles. Le groupe affirme depuis des mois vouloir créer un acteur mondial de l’édition – mais jusqu’ici, les obstacles se sont multipliés sur sa route.

A l’origine, il devait donner naissance à un mastodonte de l’édition en mariant les deux principaux groupes d’édition français dont Vivendi et Lagardère sont propriétaires, respectivement Editis (Bordas, 10/18…) et Hachette (Hachette Livre, Hatier, Larousse…).

Mais ce projet de fusion est mort-né après avoir fait face au veto informel de la Commission européenne qui, dans la très longue phase de prénotification, a fait comprendre à Vivendi qu’une telle opération, quelle que soit sa forme – rachat global ou avec revente d’actifs à la découpe -, avait peu de chance d’obtenir son aval. Pragmatique, Vivendi et son actionnaire de référence, le groupe Bolloré, a opéré un virage à 360 degrés et choisi de notifier son OPA sur Lagardère en annonçant d’emblée la cession intégrale d’Editis.

Vivendi ne vendra pas à un acteur de l’édition

« Ils ont décidé de vendre tout ce qui fâche pour se donner toutes les chances d’avoir un feu vert rapide de Bruxelles pour le rachat de Lagardère, sans passer par une longue enquête approfondie dont personne ne connaît l’issue », explique un avocat bruxellois. La Commission européenne doit rendre son verdict fin novembre. « Elle va examiner deux points essentiels : le profil du repreneur d’Editis et que le rapprochement ne pose pas de problème hors de France », explique un haut fonctionnaire européen, au fait du dossier.

Vivendi a déjà fait savoir qu’il ne vendrait ni à un acteur de l’édition ni à un fonds d’investissement pour être sûr de satisfaire Bruxelles. Marc Ladreit de Lacharrière, propriétaire de Fimalac, pourrait regarder le dossier même si rien n’est acquis, selon nos informations. De son côté, l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky – propriétaire de « Elle », actionnaire du Monde et de TF1 – serait intéressé mais tout dépendra du prix, selon une source au fait des discussions. « C’est un bon profil, même si Bruxelles veut un repreneur ayant une bonne connaissance du secteur de l’édition et avec une puissance financière », pointe un avocat.

Lagardère potentiellement intéressé par Simon & Schuster

En attendant, Vivendi se projette déjà sur la maison d’édition américaine Simon & Schuster, par la voix d’Arnaud Lagardère. « Si Simon & Schuster est remis à la vente, ce qui signifierait que le département américain de la Justice (DOJ) bloque la cession à Random House et que Paramount souhaite remettre en vente, nous serions à l’évidence intéressés », a-t-il déclaré lors de la présentation des résultats trimestriels de son groupe.

La plainte déposée il y a un an par le DOJ pour faire obstacle à la fusion entre Simon & Schuster et Penguin Random House (détenu par Bertelsmann) a donné lieu cet été à un procès dont les conclusions sont attendues prochainement. Reste que le groupe Lagardère assure qu’il pourrait avancer sur un éventuel rachat de Simon & Schuster, avant même que Bruxelles n’ait tranché sur le dossier Hachette-Editis.

« Nous ne pourrions pas le faire en équipe avec Vivendi, mais serions en mesure de le faire par nous-mêmes », a indiqué Arnaud Lagardère. Si l’opération avait lieu après l’aval de Bruxelles, il a précisé que son groupe se positionnerait aussi « avec Arnaud de Puyfontaine [le PDG de Vivendi, NDLR], ce qui nous donnerait peut-être un petit plus, même si nous savons que Vivendi est derrière nous dans tous les cas ».

Lire : Les Echos du 27 octobre

 

Jean-Philippe Behr

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