Le chef de l’Etat veut mettre fin à la distorsion de concurrence entre les géants du e-commerce et les libraires indépendants qui n’ont pas les moyens d’offrir les frais de livraison.
Emmanuel Macron veut conforter la Loi Lang de 1981 sur le prix unique du livre en l’adaptant aux nouveaux usages et acteurs du XXIe siècle.
« Il faut qu’il y ait un prix unique de tous les livres, le livre qu’on va acheter à la librairie comme le livre qu’on reçoit à la maison », a-t-il déclaré vendredi, à Nevers, où il a donné le coup d’envoi à la généralisation du pass culture .
Dans la ligne de mire du chef de l’Etat : la distorsion de concurrence entre les acteurs du e-commerce et les libraires indépendants. Ainsi, Amazon, premier vendeur de livres sur Internet dans l’Hexagone, offre la livraison à 1 centime d’euro tandis qu’ « il en coûte en moyenne 6,50 euros au libraire, pour le même envoi », souligne le Syndicat de la librairie française (SLF). Une situation qui selon lui, place le libraire dans une situation « intenable ». S’il « répercute ces frais d’expédition à son client, il le perd. S’il prend à sa charge ces frais d’expédition, il vend à perte », explique dans un communiqué l’organisation professionnelle qui s’est immédiatement réjouie de l’engagement pris par l’exécutif.
Initiative parlementaire
Pour rétablir les conditions d’une concurrence loyale, un texte devrait être soumis aux parlementaires dans les prochaines semaines. En décembre dernier, la sénatrice LR, Laure Darcos, avait déjà déposé une proposition de loi afin de garantir une harmonisation des frais d’envoi. Le SLF indique les conditions pour que cet objectif puisse être atteint : « il faudra rapprocher autant que possible le montant facturé par les plateformes aux clients et celui facturé par La Poste aux libraires ».
Pour le syndicat, l’annonce du président de la République a un parfum de victoire. Depuis des années, le SLF bataille contre la quasi-gratuité offerte par les cybermarchands, dénonçant un contournement de la loi Lang, soutenue par l’ensemble de la chaîne du livre, qui impose un prix unique – fixé par l’éditeur – pour tous les ouvrages neufs.
En novembre dernier, soucieux d’aider les libraires indépendants, contraints de baisser le rideau en raison de la crise sanitaire et les encourager à développer la vente en ligne, le gouvernement avait déjà décidé que les frais d’envoi des livres commandés seraient pris en charge par l’Etat pendant la durée du confinement.
Grâce à une fin d’année exceptionnelle et aux ventes sur Internet, la librairie indépendante a finalement fait preuve d’une belle résistance l’année passée avec un recul de son chiffre d’affaires limité à 3,3 % par rapport à 2019, selon le SLF.
Pascal Lenoir
