Le groupe espagnol Lecta s’est donné jusqu’au 31 décembre pour trouver un repreneur à son usine de Dordogne. La CGT prépare un plan de reprise en SCIC pour le cas où le site de 202 salariés serait mis en liquidation judiciaire.
Dominique Bernard a sorti d’un mauvais pas le chausseur alsacien Heschung l’année dernière. Trouvera-t-il une solution pour la papeterie Condat en Dordogne, où il a été appelé à la rescousse par le groupe espagnol Lecta ? L’ancien directeur général de l’Olympique de Marseille, « expert en transformation et restructurations », a été nommé président il y a quelques jours avec pour mission de trouver un acquéreur pour l’usine du Lardin-Saint-Lazare. Mais vite : avant le 31 décembre. « Des analyses sont en cours », confirme un porte-parole de l’actionnaire.
La papeterie tourne au ralenti depuis plusieurs mois : la dernière machine en activité – elles étaient trois en 2013 – ne fonctionne plus qu’une vingtaine de jours par mois. Moins par manque de commandes que par défaut de trésorerie, qui l’empêche d’acheter sa matière première. Les salariés sont mobilisés depuis l’été, dans la crainte d’une fermeture. Le dernier plan social, en 2023, s’était soldé par l’arrêt de production du papier couché et 174 licenciements. Il reste 202 personnes chez l’ancien premier employeur du département.
Plan B
Pourtant, le site est comme neuf avec sa nouvelle chaudière CSR inaugurée l’année dernière – 50 millions d’euros d’investissement – et une machine à papier rénovée à 80 % il y a cinq ans. « Il n’y en a pas de plus performante en France en ce moment, la dernière construite a 25 ans », assure le délégué syndical CGT Philippe Delord. « Condat va forcément intéresser des industriels du papier, mais auront-ils envie de reprendre les dettes ? Ils risquent d’attendre le premier janvier que le site soit en liquidation judiciaire », craint le syndicaliste.
C’est pourquoi la CGT prépare un plan B avec la création d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) « au cas où on en arriverait au tribunal de commerce », précise Philippe Delord. « Mais on laissera la place à un industriel s’il y a des perspectives de sauvegarde de l’activité et de l’emploi. » Le secrétaire fédéral de la Filpac-CGT (la branche du livre et du papier) doit présenter le projet ce jeudi aux salariés avec Progexa, un cabinet de conseil aux CSE spécialiste de ce modèle coopératif. Il existe un millier de SCIC en France mais ce serait une première dans la papeterie.
30 millions d’euros
Les statuts doivent être déposés en début de semaine prochaine et les premiers contacts ont déjà été lancés en direction « de tous les fournisseurs qui ont intérêt à entrer au capital pour que Condat fonctionne : Engie, Paprec, des fabricants de pâte à papier français… », énumère Philippe Delord. Objectif : rassembler « 30 à 35 millions d’euros » avec toutes les bonnes volontés, notamment les collectivités locales.
Le projet industriel prévoit de faire évoluer la production de papier glassine – le support siliconé des étiquettes – vers les marchés alimentaires et cosmétiques qui offrent plus de débouchés et de valeur ajoutée – jusqu’au quadruple. Le site est déjà certifié pour le papier alimentaire mais les essais, coûteux, n’ont jamais été réalisés.






































