Interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans ? Des portables à l’école ? Clara Chappaz, ministre chargée du Numérique, s’est rendue à l’Hôpital Robert-Debré pour évaluer ces différentes pistes.
Il est huit heures du matin, ce jeudi, et les longs couloirs blancs ornés de fresques du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent sont plongés dans le silence. « Tous les enfants sont encore en train de dormir, et c’est ce qui peut leur arriver de mieux, commente un médecin de cette unité de l’Hôpital Robert-Debré, fleuron de la pédiatrie, à Paris. On essaie de respecter leur rythme au maximum. » Idées suicidaires, conduites autoagressives, cyberharcèlement : ici, sont soignés des jeunes « addicts » aux écrans, aux substances, ou parfois aux deux. Faut-il interdire totalement les écrans avant 3 ans ? À l’école ? « Rompre la lune de miel entre les enfants et le numérique », comme le préconise un rapport remis il y a un an au chef de l’État ? Devant la ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz, les experts de l’hôpital parisien se montrent plus mesurés : « Plutôt éducation qu’interdiction », plaident-ils.
« L’usage des réseaux sociaux , c’est la question que les parents nous posent systématiquement, pointant “la responsabilité de TikTok ” dans le mal-être de leur enfant, rapporte le Dr Vincent Trebossen, pédopsychiatre. On leur donne des conseils, mais aujourd’hui, on n’a pas de connaissances assez précises sur l’impact des réseaux sociaux sur le développement cognitif de l’enfant. Un ado déprimé va passer plus de temps sur les réseaux, et ceux-ci peuvent mener à la dépression… C’est pour cela que nous voulons, à terme, infiltrer ces réseaux sociaux. Il existe d’ailleurs déjà des initiatives de jeunes qui y montent des groupes de soutien pour s’entraider entre pairs. Guider les influenceurs vers les bonnes pratiques aurait aussi un effet vertueux. »…