x et même de l’image des journalistes, l’éditeur de « Capital », « Femme actuelle », « Voici » ou « Télé Loisirs » multiplie les projets dans l’IA. Il veut former massivement ses salariés.
Le clone d’une journaliste pour présenter des vidéos ? Ce n’est plus de la science-fiction, mais un projet en test chez Prisma. L’éditeur de « Femme actuelle », « Géo » « Télé Loisirs », etc., très actif dans l’intelligence artificielle (IA), est en train de travailler sur le clonage d’une journaliste de « Capital », pour réaliser des vidéos sans que celle-ci ne soit obligée de les tourner. L’objectif : gagner du temps. Le groupe espère publier les premières vidéos dans l’été.
D’ores et déjà, le média dans la galaxie Vivendi a réussi à cloner des voix humaines pour des flashs économiques audio, lus à partir des textes de journalistes. Au passage, il a augmenté de 60 % ses écoutes en 2024 par rapport à une voix synthétique, en 2023.
Des robots qui créent des recettes
En fait, depuis la sortie de ChatGPT, Prisma multiplie les projets dans les nouvelles technologies. « On a au moins une centaine d’initiatives à l’échelle du groupe. On essaye d’être au plus près des besoins de chaque métier », explique Pascale Socquet, directrice générale de Prisma Media.
Au niveau des rédactions par exemple, l’IA est utilisée pour faire des reprises de dépêches d’agence chez « Voici », notamment pour des contenus dits « froids » (biographie, nécrologie, etc.) depuis l’an dernier. Aujourd’hui, environ 20 % du contenu du site est produit avec l’IA. De même, les robots permettent de créer de nouvelles recettes de cuisine, à partir de la base du site CuisineAZ.
Premier retour d’expérience : « On s’aperçoit avant tout que l’IA est performante lorsque le journaliste est expérimenté, même si cela semble contre-intuitif. Il saura mieux connaître la qualité des sources, vérifier les informations et sera bien conscient des limites de l’utilisation de l’IA . »
Le groupe met à disposition de ses salariés une plate-forme interne, avec ChatGPT, dans un environnement fermé où les données restent confidentielles, pour les aider notamment à rédiger des synthèses.
Formation massive des salariés
En revanche, tous les projets lancés depuis le printemps dernier n’ont pas fonctionné. Par exemple, les tests sur un chatbot interagissant avec les lecteurs de « Ça m’intéresse » ont été interrompus, les échanges étant limités.
Quoi qu’il en soit, Prisma cherche à former massivement ses collaborateurs à l’IA : d’ici la fin de l’année, 80 % d’entre eux devraient avoir eu des cours sur ce sujet. Quasiment un tiers du budget de formation est consacré à l’IA.
Face à l’inquiétude mêlée de curiosité des salariés, les syndicats ont demandé une procédure d’information-consultation du CSE sur les nouvelles technologies et la création d’une commission du CSE sur l’IA avec un expert.
« On veut être au courant de toutes les initiatives et de voir les conséquences éventuelles sur l’emploi, afin de pouvoir mettre un veto si nécessaire », explique Emmanuel Vire, délégué SNJ-CGT. Alors que le groupe a déjà réduit ses effectifs par le passé.