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Allimand sort la tête de l’eau

Fabricante des machines à papier depuis le XIXe siècle, la société entrée en plan de sauvegarde en 2023 vient d’annoncer en être sortie grâce à un investisseur et une nouvelle gouvernance.

L’entreprise a bien failli ne jamais fêter son 175e anniversaire. Fondée en 1850 par les frères Allimand, la société du même nom est emblématique de l’industrie papetière alpine qu’elle fournit en équipements depuis son siège de Rives (Isère). Mais elle a cumulé les difficultés juste avant et pendant la crise du Covid, la menant en procédure judiciaire. Reprise par le fonds Arcole au printemps 2023, elle vient d’annoncer une sortie de ce plan de sauvegarde.

« Il existe près de 300 machines à papier Allimand dans le monde et toutes sont uniques », décrit Patrick Gamet, directeur général de la société arrivé en 2023. La majeure partie de ces équipements servent ensuite à produire du papier de spécialité : billets de banque, papier à cigarettes, filtres à air, à huile, à café, cornets de frites… Le tout avec 85 % d’export.

« Choc financier »

« Ce savoir-faire reconnu à l’international est l’un des éléments qui nous a attirés dans cette entreprise, appuie Alexandre Bachelier, cofondateur du fonds Arcole et désormais président d’Allimand. Mais la société était très très abîmée à notre arrivée. »

Le revenu de l’entreprise, assuré pendant une quinzaine d’années par la « poule aux oeufs d’or » qu’était le papier à cigarette en Chine, a été tué par le Covid. Et juste avant cela, une affaire « trop grosse par rapport à la taille de la société et mal chiffrée », selon ce dernier, avait déjà plombé les finances.

« Les pertes d’exploitation s’élevaient à 3 à 4 millions, auxquelles s’ajoutaient 14 millions de dettes », calcule l’investisseur. Arcole obtient à l’époque un écrasement de la dette à hauteur de 80 % et injecte plus de 12 millions d’euros. Un « choc financier » possible grâce à des lignes de garanties bancaire de la part de CIC Ouest et Bpifrance.

Développement du marché américain

Le processus commercial, lui, est revu en se focalisant sur la fabrication de plus petits équipements, de quelques millions à une vingtaine de millions d’euros. Le chiffre d’affaires, qui était tombé à une quinzaine de millions en 2022, a ainsi doublé depuis. L’industriel prévoit près de 40 millions cette année et 50 millions d’ici à deux ans, et peut-être même avant.

Il a embauché une quarantaine de personnes depuis la reprise, portant les effectifs à 150 personnes, dont 40 % d’ingénieurs et 50 % cadres. « À terme, pour un chiffre d’affaires de 55 à 60 millions, nous visons d’être 180, dont 50 en production », se projette le directeur général. Ses prochains chantiers portent sur l’accroissement des activités services puis le développement du marché américain, où la société possède déjà une filiale. « Nous ne sommes pas encore assez réactifs pour ce territoire », pointe-t-il.

Lire : Les Echos du 18 juin

Jean-Philippe Behr

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