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Écrans et enfants : quand la recherche publique flirte avec les intérêts privés

La cellule investigation de Radio France a enquêté sur la stratégie des start-ups du numérique mais aussi des GAFAM pour faire rentrer les écrans à l’école.

Les écrans et leurs effets sur la santé et le développement cognitif des enfants sont devenus un enjeu majeur de santé publique. En avril 2024, un groupe d’experts créé par l’Élysée rendait un rapport inquiétant, avec 29 préconisations fortes, comprenant des restrictions et des mesures d’âge : pas d’écrans avant 3 ans, pas de téléphones avant 11 ans ni de smartphones connectés avant 13 ans. Et des réseaux sociaux interdits aux moins de 15 ans.

Un an plus tard, seules deux recommandations du groupe d’experts ont été annoncées pour la rentrée prochaine : la généralisation de l’expérimentation “portables en pause” au collège et un droit à la déconnexion des outils numériques scolaires. Aucune des mesures de restriction, en revanche, n’a pour l’instant été mise en œuvre. “Vous n’êtes pas dans la vie des familles tous les jours, l’interdiction complète est toujours difficile”, explique en février dernier la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, après avoir “beaucoup écouté les experts”, à la sortie d’une rencontre organisée lors d’un déplacement à l’hôpital Robert Debré.

Des jeux vidéo pour améliorer la qualité de la lecture ?

Or, ce jour-là, un seul membre du groupe d’expert de la “commission écrans” de l’Élysée est convié au déplacement de la ministre, sur proposition de l’APHP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris), d’après le cabinet de Catherine Vautrin : le directeur du LaPsyDé, un laboratoire public de recherche en psychologie du développement de l’enfant, qui dépend de la Sorbonne et du CNRS, Grégoire Borst.

Sur cette question des écrans, ce dernier est l’une des figures les plus médiatisées. Grégoire Borst est régulièrement interviewé dans les journaux, sur les plateaux de télévision, mais aussi sur les antennes de Radio France. Selon lui, les écrans ne sont pas mauvais “par nature”, car ils peuvent servir d’outils d’apprentissage. Ainsi, en 2020 sur le plateau de l’émission Enquête de santé sur France 5, il affirme avoir “montré” dans son laboratoire que “les enfants qui jouent aux jeux vidéo d’action augmentent la qualité de leur lecture”. Mais lorsqu’on se penche sur les recherches menées au sein du LaPsyDé, on ne trouve aucune trace d’une telle étude à l’époque…

Lire la suite : France Info du 13/6/25

Pascal Lenoir

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