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Australie : Facebook refuse de payer pour diffuser les contenus de la presse

Le réseau social plaide plutôt pour la création d’un organisme de médiation.

 

Il y a quelques semaines, l’Australie prenait la décision de faire payer Google et Facebook lorsqu’ils publient des articles de presse sur leurs plateformes. Objectif : réduire un certain déséquilibre financier et sauver les médias australiens qui traversent une crise sans précédent. Facebook vient de rejeter la proposition de l’Australian Competition and Consumer Commission’s (ACCC) et refuse de payer.

Facebook dit ne pas avoir besoin de la presse pour vivre

 

Facebook affirme qu’il peut très bien vivre sans les revenus publicitaires des entreprises de la presse et que par conséquent, il refuse de payer pour diffuser leurs contenus. En avril 2020, Josh Frydenberg, le ministre des Finances australien, annonçait que le gouvernement comptait faire payer Facebook et Google pour les articles de presse qu’ils diffusent sur leurs plateformes et dont ils tirent de copieux revenus. Le géant des réseaux sociaux ne se pliera pas à cette demande.

 

En Australie, la presse connaît une crise majeure. De nombreux médias ont licencié massivement ou ont tout simplement disparu depuis quelques mois. La raison : la baisse des revenus publicitaires durant la crise du Covid-19. Sur 5,3 milliards d’euros, de recettes publicitaires, 47% sont captés par Google et 24% par Facebook. Ça commence à faire… NewsCorp a par exemple suspendu la publication d’une soixantaine de journaux régionaux, alors que Seven Network a imposé une baisse de 20% des salaires à tous ses employés.

 

En plus de cette crise, s’ajoute une récente décision de justice : la Cour suprême de Nouvelle-Galles du Sud décidait le 1er juin 2020 que les médias étaient légalement responsables des commentaires diffamatoires postés publiquement sur les réseaux sociaux. Une décision historique qui complique un peu plus la tâche aux médias sur le web.

En Australie comme ailleurs, l’algorithme ne privilégie pas les pages

 

Facebook n’y a pas été de main morte et a déclaré qu’il rejetait de nombreuses idées de l’ACCC. Selon le géant des réseaux sociaux, il existe une “saine rivalité” entre sa plateforme et les organisations de presse. En revanche, Facebook a déclaré qu’il soutenait l’idée d’un code de conduite entre les plateformes numériques et les agences de presse en Australie, mais qu’il était, au même titre que Google, injustement montré du doigt. Un porte-parole du réseau social précisait que :

 

“Nous avons modifié notre algorithme du fil d’actualité en janvier 2018 pour donner la priorité aux contenus provenant des amis et de la famille. C’est un point sur lequel nous ne reviendrons pas. C’est l’essence même de notre plateforme. Alors oui, ces changements ont eu pour effet de réduire l’exposition des utilisateurs au contenu de toutes les pages, y compris les articles de presse”.

 

Selon le réseau social, il n’est ni sain ni durable d’être “le seul” responsable des problèmes rencontrés par l’industrie des médias australienne. De plus, selon Facebook les contenus de presse ne représentent “qu’une toute petite fraction du contenu diffusé sur Facebook”. Le réseau social fait clairement comprendre à l’Australie qu’il pourrait bannir définitivement les médias de sa plateforme s’il le voulait.

La création d’une entité de médiation ?

 

Malgré cela, la société affirme qu’elle est prête à s’engager pour soutenir la presse australienne et qu’elle avait elle-même “contribué à sauver cette industrie. Le réseau social affirme avoir “envoyé” 2,3 milliards de clics aux journaux du pays, de janvier à mai 2020. Une valeur selon le géant américain, de 195,8 millions de dollars, directement dans la poche des médias.

 

Facebook prend les devants et propose de remplacer la proposition de l’ACCC par la création d’un organisme de médiation qui pourrait imposer des sanctions financières aux géants du net. Un “Australian Digital News Council“, qui s’inspirerait du modèle de l’Australian Press Council mais pour le web cette fois-ci.

 

Lire : Siècle Digital du 17 juin

 

Jean-Philippe Behr

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