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Cher, très cher papier

Le papier s’enflamme, du moins son prix en tant que matière première. Les entreprises subissent de plein fouet cette hausse. Du nord au sud du département, parmi d’autres, Celtex (Chamouilley), Rotochampagne et le JHM (Chaumont), et les Imprimeries de Champagne (Langres) se retrouvent en première ligne dans la tourmente.

Le papier s’enflamme. Quelles conséquences pour la Haute-Marne ?

Le redémarrage de l’économie en 2021 s’est traduit par une crise du papier. Il se fait rare… donc cher. Un produit à base de papier qui coûtait 100 en 2020 coûte 200 aujourd’hui. Les prévisions de la branche professionnelle envisagent une nouvelle hausse de 25 % pour cette année.

Les causes sont multiples.

Les usines de production de pâte à papier ont tourné au ralenti durant la pandémie. Elles ont perdu du personnel qui n’est plus là pour relancer la machine aujourd’hui.

Cette industrie est grosse consommatrice d’énergie dont les coûts s’envolent avec la guerre en Ukraine.

La pandémie a fait exploser les commandes sur Internet, commandes livrées dans des emballages en carton, qui est de plus en plus demandé et plus rentable pour l’industrie papetière.

La loi de l’offre et de la demande a fait son office : le prix du papier augmente.

Le Monde, le Figaro et une multitude d’autres acteurs de la presse quotidienne en région, dont notre titre, ont été contraints d’augmenter leur prix de vente de « seulement » 10 %. Cela n’a absorbé qu’une partie de la hausse qui se poursuit.

À Chaumont, Marino Simioni, directeur de Rotochampagne, n’hésite pas à lire les mails de ses fournisseurs, au ton comminatoire : l’affaire se résume en trois points : 1) ça a augmenté. 2) ça augmente. 3) ça va encore augmenter. Il sort les factures : 435 euros la tonne le 5 mai 2021, 855 euros le 5 août dernier ; les fournisseurs prévoient de franchir la barre des 1 000 euros ces prochaines semaines. Les causes sont multiples : entre les usines qui ont fermé pour anticiper les baisses de volume, quatre mois de grève en Finlande, l’outil de production reconverti afin de produire du carton, plus rentable, la collecte de vieux papiers qui a souffert du Covid et les Chinois qui ont massivement commandé de la pâte à papier en sortie de pandémie…

Rotochampagne – qui imprime chaque nuit le jhm quotidien – multiplie les fournisseurs pour le papier journal : Golbey, le voisin vosgien, mais aussi la Belgique et l’Allemagne ; il s’agit d’être certain de bénéficier de quotas l’an prochain. « Car nous sommes soumis à des quotas » poursuit Marino Simioni « et les papiers dont on a besoin ne sont pas toujours disponibles ». C’est simple : à Rotochampagne, un camion qui arrive est facturé au moins deux fois plus cher qu’il y a un an. Cette inflation concerne tout autant les plaques en aluminium que l’encre.

Celtex contraint de passer des hausses

Dans un autre registre, Celtex, à Chamouilley, est directement concerné. L’entreprise est spécialisée dans la production de produits d’hygiène et d’essuyage à usage unique comme des rouleaux essuie-mains ou des draps d’examen. Son nouveau directeur, explique que le prix des bobines qui entrent dans l’usine et qui servent de matière première a doublé en un an. « Et c’est sans compter l’augmentation des autres matières premières : le carton, les films plastiques, les colles, les palettes etc. ». Ce renchérissement s’accompagne assez logiquement d’une raréfaction : « Les volumes disponibles ne sont pas suffisants. La reprise économique s’est traduite par une activité soutenue pour notre usine ; nous éprouvons des difficultés à nous approvisionner pour assurer la demande ». De plus, les coûts de transport explosent en Europe : faire venir un camion de marchandises d’Italie à Chamouilley coûte par exemple deux fois plus cher qu’il y a 1 an.

Pour compenser ces hausses, Celtex a été contraint de passer des hausses de prix sur ses produits, à plusieurs reprises depuis l’an dernier. Les négociations avec les groupements distributeurs sont devenues de véritables parties de bras de fer. Mais les concurrents sont eux aussi contraints d’augmenter leurs prix…

Mathieu Macheret : un risque sur la vente des imprimés

Mathieu Macheret, directeur général des Imprimeries de Champagne (Langres) évoque lui directement le conflit en Ukraine : « le procédé d’impression nécessite de base et pour la majorité des imprimeurs la gravure d’une plaque constituée d’une manière indispensable : l’aluminium. Or cet aluminium provient essentiellement des mines russes. Conséquence : Entre container et blocage des frontières nous enregistrons une nouvelle hausse de près de 40 % en un an.

L’encre, qui fait appel à des matières végétales non polluantes ainsi que des pigments de couleurs provenant d’Inde a connu une augmentation de plus de 30 % en un an. Quant au papier, matière de base, qui, contre toutes les idées reçues, requiert un minimum de bois, le papier donc a fait face à des augmentations gargantuesques. Le prix de la tonne de papier que nous utilisons passera de 2020 à 2022 de 700 € la tonne à plus de 1 500 à ce jour. Le coût du transport, le besoin grandissant des pays émergents en pâte à papier, le besoin grandissant du carton à travers le e-commerce expliquent grandement cette hausse ».

Pour Mathieu Macheret, la conséquence de ces augmentations continues sera une érosion des marges et un fort risque sur la vente des imprimés.

 

Lire : Le Journal de la Haute-Marne du 13 septembre

 

Jean-Philippe Behr

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