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En cinquante ans, Glénat a dessiné la révolution de la bande dessinée

En fondant en 1969 une maison d’édition de BD, Jacques Glénat a contribué à élargir le marché du neuvième Art en lançant sans cesse de nouvelles tendances s’adressant à de nouveaux publics.

 

Si Jacques Glénat a traversé les tempêtes c’est parce qu’il a su prendre, souvent en premier, tous les virages de la BD.

 

Ce n’est pas parce que l’on fête ses 50 ans que l’on risque de prendre un coup de vieux. Un demi-siècle après avoir lancé la maison d’édition qui porte son nom, Jacques Glénat reste un entrepreneur qui fourmille de projets et qui se fait fort de continuer à faire croître une entreprise familiale qui s’est imposée comme un poids lourd de la bande dessinée.

 

Ce groupe d’environ 65 millions de chiffre d’affaires (+7 % en 2018) qui tire 80 % de ses revenus de la BD et le solde de l’édition de livres jeunesse, ou sur le vin, la gastronomie, la montagne et la mer, est à l’image de son fondateur. « On a construit un groupe autour des passions du patron. On est un éditeur multispécialisé, pas un généraliste. Il ne faut pas courir trop de lièvres à la fois », explique l’entrepreneur qui laisse monter en puissance à ses côtés ses deux filles qui auront vocation à diriger ce groupe qui entend rester indépendant. « On est adossé à Hachette pour la distribution et on peut monter avec eux des collaborations mais nous gardons notre indépendance » revendique cet actionnaire qui a plus d’une fois refusé de vendre son entreprise.

Une crise par décennie

 

La vie n’a pourtant pas toujours été un long fleuve tranquille pour cette maison née en 1969 à Grenoble lorsque Jacques Glénat passe à 17 ans du statut de dingue de bande dessinée à celui de créateur d’un fanzine. « On a plus d’une fois failli passer l’arme à gauche » se souvient l’autodidacte qui a traversé une crise par décennie. Dans les années 1970 un distributeur part avec la caisse et refuse de le payer. Dans les années 1980, son stock qui était entreposé entre de la moquette et des parfums part en fumée dans un incendie. Dans les années 1990, c’est le manager qui passe au bord du burn-out après avoir fait entrer à son capital des investisseurs qui cherchent à maximiser leurs profits.

 

Si Jacques Glénat a traversé les tempêtes c’est parce qu’il a su prendre, souvent en premier, tous les virages de la BD. C’est lui qui dans les années 1980 avec des séries comme « Les passagers du vent », « Les 7 Vies de l’épervier » ou « Les Chemins de Malefosse » lance la BD historique en proposant à un public adulte exigeant de se plonger dans un neuvième Art qui n’a plus vocation à être réservé aux enfants. C’est lui qui à la fin des années 1990 fait le pari du manga en ramenant du Japon « One piece » ou « Akira » réussissant ainsi à faire de la BD en achat récurent qui s’ouvre en plus à un public féminin. C’est encore lui qui au même moment donne un coup de jeune à la BD jeunesse en donnant sa chance à Zep et son Titeuf. « On est passé du monde parfait mais imaginaire de Boule et Bill au vrai monde des enfants qui dans la cour de récré parlent de sexe et de drogue ou de parents au chômage » s’amuse Jacques Glénat.

 

Les paris ont souvent payé pour cet éditeur qui publie environ 800 nouveautés par an (dont pratiquement 50 % de mangas) et dont le catalogue comporte encore près de 10.000 titres dont les premiers albums de Bretécher publiés dans les années 1970. Pour tenter d’émerger dans un univers de surproduction, Glénat s’est fait une spécialité de publier, souvent en partenariat, des collections longues comme «   Ils ont fait l’histoire », « La Sagesse des mythes », « Un pape dans l’histoire »… Une manière de s’assurer que les libraires continueront en cas de succès à proposer d’anciens albums lorsque sortent les nouveaux et de multiplier les chances de revendre ses séries à l’international ou via des partenariats avec la presse ou les clubs de livres.

 

Le groupe, qui a tenté de nombreuses diversifications, s’est recentré sur l’édition. Finie la publication de nombreux magazines, les filiales à l’étranger ou les investissements dans la télévision locale TV8 Mont-Blanc. Et le groupe n’a conservé en direct que deux de ses 12 librairies. La BD a un avenir et Glénat aussi.

 

Lire : Les Echos du 14 juin

 

Jean-Philippe Behr

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