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Energie : Rossel fait passer ses journaux au « vert »

Le groupe de presse a fait construire, en partenariat avec Luminus, une éolienne à côté de son imprimerie nivelloise. Objectif : couvrir 60 % de ses besoins en électricité avec du courant renouvelable

Vous ne l’avez sans doute pas remarqué, mais depuis la fin de l’année dernière, l’exemplaire du Soir que vous tenez en mains – si vous lisez la version « papier » de votre quotidien favori – est (beaucoup) plus « vert ». Fin octobre 2020, le groupe Rossel, qui édite notamment Le Soir et les journaux du groupe Sudpresse, a mis en service une éolienne sur le site de son imprimerie RPC (Rossel Printing Company) à Nivelles. C’est de ces rotatives, désormais alimentées en électricité renouvelable, que sortent chaque nuit 330.000 quotidiens (Le Soir et Sudpresse donc, mais aussi L’Echo, De Tijd, les éditions de L’Avenir, Metro…).

« Le groupe travaille depuis longtemps à réduire son empreinte carbone », explique Bernard Marchant, administrateur-délégué de Rossel. « Cela fait partie de notre responsabilité d’entreprise, singulièrement en tant qu’éditeur de journaux qui traitent abondamment de ces problématiques dans leurs pages. Nous avons déjà mis beaucoup de choses en place, même si elles sont moins spectaculaires qu’une éolienne. Nous utilisons de la biomasse (via un réseau de chaleur avec la forcerie de chicons voisine de l’imprimerie, NDLR), des panneaux photovoltaïques sur nos bâtiments, une installation de cogénération… ».

Electricité moins chère

En 2016, Rossel s’est tourné vers Luminus pour franchir un cap supplémentaire avec la construction d’un « moulin » au milieu du parking de RPC. C’est le groupe énergétique, actuel leader du secteur éolien onshore en Belgique avec un peu plus de 230 éoliennes installées dans le pays pour une puissance totale de 588 MW, qui a financé le projet, à hauteur « d’environ quatre millions d’euros », explique Grégoire Dallemagne, l’administrateur-délégué de Luminus. Un investissement que l’énergéticien rentabilise via l’obtention de certificats verts liés à cette production, et par la revente de l’électricité pour partie à Rossel (40 %) et pour le solde via injection dans le réseau. « Rossel autoconsomme de l’électricité renouvelable qui est produite juste à côté de son imprimerie, à laquelle l’éolienne est directement reliée », poursuit Grégoire Dallemagne. « Cette proximité fait que l’électricité est meilleur marché, puisqu’on s’affranchit des frais des réseaux de transport et de distribution, et des taxes ».

« L’éolienne nous permet déjà de couvrir 60 % de nos besoins en électricité (ce qui représente une économie de 140.000 euros par an, NDLR) », confirme Bernard Marchant. « C’est une opportunité tant économique qu’en termes d’image. Ce type de partenariat a un potentiel très important parce qu’il permet à la fois d’accroître la compétitivité des industriels qui y recourent en diminuant les émissions de CO2 – on sait que les clients sont demandeurs de produits plus verts –, tout en réduisant sensiblement la facture d’énergie ».

Lever les contraintes

Les deux patrons insistent sur l’attractivité que ce type de modèle – déjà opéré par Luminus sur une centaine d’autres sites industriels – peut offrir à aux zones d’activités dans le sud du pays, en parallèle avec la création de communautés locales d’énergie. A condition de lever les contraintes, notamment en termes d’obtention de permis délivrés par les autorités publiques, qui ont pour effet de ralentir considérablement les délais pour réaliser de telles éoliennes. Une problématique soulevée en début de semaine par Edora, la fédération des énergies renouvelables, qui indiquait que rien qu’en Wallonie, des projets représentant plus de 570 MW de capacité éolienne étaient actuellement bloqués devant des instances de recours (Le Soir du 27 janvier 2020). « L’ambition d’électrifier l’économie et de la décarboner, c’est un choix politique qui doit être assumé à tous les niveaux de pouvoir », insiste Grégoire Dallemagne.

Pour Rossel, la prochaine étape sera de décarboner ses éditions… numériques. « Les gens ont la fausse impression que le journal digital est plus “environnemental friendly” que la version papier », constate Bernard Marchant, qui pointe le caractère énergivore des serveurs informatiques. « Pour ce faire, nous devons par exemple être plus sélectifs dans les données que nous stockons, pour ne garder que ce qui est nécessaire ».

En chiffres

130

L’éolienne installée chez RPC fait 130 mètres de haut (en bout de pale). La nacelle est située à 84 mètres.

2,35

C’est la puissance de l’éolienne en MW. Sa production annuelle de 5.000 MWh, dont 40 % sont envoyés vers l’imprimerie, ce qui permet de couvrir 60 % de ses besoins en électricité.

1.400

L’éolienne permet d’éviter l’émission de 1.400 tonnes de CO2 par an.

Lire : Le Soir du 27 janvier

 

Jean-Philippe Behr

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