Stéphane Haitaian, directeur exécutif du pôle magazine et des activités digitales de Reworld Media n’a pas hésité à faire un pari audacieux : relancer Grazia, un magazine féminin qui avait cessé sa version papier en 2020 en raison des difficultés économiques liées à la pandémie de la Covid-19. Cette décision de revenir sur le marché de la presse imprimée, alors que ce secteur est en perte de vitesse, semble surprenante pour beaucoup. Pourtant, Stéphane Haitaian voit cette relance comme une véritable « déclaration d’amour pour le print ».
Selon lui, le monde du numérique, omniprésent dans le paysage médiatique actuel, a paradoxalement renforcé la place du papier. « Dans ce monde ultra-numérisé, le papier devient un média d’exception », explique-t-il. Une idée qui peut paraître contre-intuitive, mais qui trouve un écho dans l’évolution des comportements des consommateurs ; ainsi, comme le vinyle dans l’industrie musicale, le papier reprend de la valeur, bien que moins présent qu’auparavant.
Pourtant, le retour de Grazia sur le marché de la presse n’est pas seulement une question de nostalgie. « Le print est à nouveau valorisé par un certain électorat, plus qualifié, mais également par des annonceurs qui viennent chercher finalement un nouveau potentiel », poursuit Stéphane Haitaian.
« Le magazine, c’est une sorte de flagship »
Cette vision se traduit par un format hybride : un magazine moins fréquent, mais plus qualitatif. Grazia ne paraîtra que deux fois par an, avec la possibilité de passer à quatre numéros, si le projet rencontre le succès escompté.
Le magazine devient un « flagship », c’est-à-dire qu’il « incarne complètement le positionnement de la marque et également la ligne éditoriale ».
Dans la famille des magazines féminins, Grazia voit encore une place à prendre, d’autant plus qu’il s’inscrit dans un écosystème médiatique plus large, combinant presse papier, newsletter hebdomadaire, réseaux sociaux et site Internet. « On va avoir à nouveau la lectrice de 2009 et également les nouvelles générations qui vont nous rejoindre. Donc ça fait un titre qui est transgénérationnel », explique-t-il, en soulignant la dimension internationale du magazine qui touche 25 pays à travers le monde.
Pascal Lenoir
