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Hachette : la tension monte chez Fayard

A la demande des syndicats un bureau du CSE doit se tenir mardi prochain. En cause, la possibilité que Lise Boëll, ex-éditrice d’Eric Zemmour arrivant chez Hachette, puisse utiliser la marque Fayard, ce que refuse la directrice de cette maison, Isabelle Saporta.

Les syndicats d’Hachette – leader français du marché de l’édition – appartenant au groupe Vivendi (contrôlé par la famille Bolloré) -, ont demandé en urgence un bureau du CSE qui devrait selon plusieurs sources se tenir mardi prochain, avec entre autres, Arnaud Lagardère, le PDG d’Hachette, et la directrice générale déléguée Stéphanie Ferran.

La raison ? La tension chez Fayard, l’une des deux maisons de littérature générale les plus prestigieuses du groupe avec Grasset. Une situation qu’Hachette va devoir apaiser pour continuer à exploiter le plein potentiel économique de Fayard. Et qui intervient deux ans après après le départ tonitruant de cette même maison d’édition de l’éditrice Sophie de Closets , partie chez Flammarion avec plusieurs auteurs.

Depuis la fin de l’année dernière, la venue de Lise Boëll au sein du giron Hachette était attendue. Celle-ci est notamment connue pour avoir été l’éditrice des figures d’extrême droite comme Eric Zemmour et Philippe de Villiers. Demeurait cependant un énorme point d’interrogation : les contours de son périmètre et son point de chute chez Hachette où son arrivée fait grincer les dents de nombreux éditeurs.

Cloisonnement

Début février, Arnaud Lagardère avait fait valoir, en interne, que Lise Boëll disposerait d’une maison d’édition qui serait créée spécialement pour elle chez Hachette. Cette promesse de cloisonnement avait un temps rassuré en interne.

Mais fin février, Hachette a annoncé que la maison d’édition de Lise Boëll aurait pour nom Mazarine, une marque existante et appartenant à… Fayard. Puis les équipes de Fayard ont appris que Lise Boëll allait aussi pouvoir disposer d’un droit de licence pour utiliser le label Fayard et l’accoler à Mazarine à sa guise pour les sorties d’essais comme sans doute celui de Jordan Bardella, figure de proue du Rassemblement national, selon « L’Obs » .

Position fragilisée

Ce montage de licence a reçu une fin de non-recevoir de la part d’Isabelle Saporta, la directrice des éditions Fayard. Ce qui fige et rend sa situation intenable, faisant craindre à certains salariés en interne que Vivendi ne nomme directement Lise Boëll à la tête de Fayard en lieu et place d’Isabelle Saporta, qui pourrait devoir prendre la porte très prochainement. Certains redoutent dans la foulée une montée de la tension qui pourrait pousser au départ certains auteurs.

Isabelle Saporta est arrivée aux manettes de Fayard en juin 2022, peu de temps après le départ de Sophie de Closets. Environ 20 mois plus tard, Fayard a fait une année 2023 historique avec 34 millions de chiffre d’affaires. « Cela a certes été tiré par des livres (« Pagny par Florent », « Le Suppléant » du prince Harry) signés par sa prédécesseure. Mais des projets à elle ont aussi assez bien fonctionné comme « Au commencement était la guerre » de Bauer » ou « Journal de guerre : c’est l’Occident qu’on assassine » de Goldnadel », note un expert du secteur. On lui a aussi beaucoup reproché d’avoir surpayé pour le dernier livre de Sarkozy. Mais sa contre-performance reste relative (près de 80.000 ventes) dans un contexte de marché délicat ».

 

Lire : Les Echos du 1er mars

 

Jean-Philippe Behr

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