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La presse écrite systématise les versions audio de ses articles

Grâce aux progrès des technologies d’intelligence artificielle « text-to-speech », de plus en plus d’éditeurs de presse, tels « Le Point », « Le Figaro » ou « Le Monde », proposent depuis peu une fonctionnalité de lecture automatisée de leurs articles.

Concurrencés de toutes parts sur les écrans, les journaux se dotent d’une nouvelle arme pour gagner la guerre de l’attention : l’audio. Après « La Tribune », « Le Figaro » et « Le Monde », c’est au tour du « Point » de proposer depuis le mois de décembre ses articles à l’écoute.

En s’appuyant sur la technologie d’intelligence artificielle d’ ETX Majelan, qui transforme automatiquement le texte en audio, l’hebdomadaire permet désormais à ses abonnés d’écouter l’intégralité de ses contenus payants sur son site. Le service sera étendu à l’application. En haut de chaque article, un module propose la lecture du texte par deux voix féminines de synthèse – l’une pour la narration, l’autre pour les questions, afin d’éviter la monotonie du récit. Les équipes du magazine ont choisi leurs timbres sur catalogue, après avoir également planché sur le rythme de lecture.

Fidélisation

De son côté, « Le Monde », qui offre ce service sur l’application La Matinale depuis novembre, a créé ses voix ad hoc. « Nous avons demandé à six comédiens d’enregistrer un millier de phrases chacun », précise Sacha Morard, le directeur technique et des systèmes d’information du « Monde ». Celles-ci ont nourri l’algorithme d’intelligence artificielle « text-to-speech » de Microsoft qui lit les articles de La Matinale.

« Nous nous adaptons aux usages de nos lecteurs, qui nous lisent de plus en plus en mobilité sur leur téléphone », indique Emmanuelle Chevallereau, directrice adjointe de la rédaction au « Monde », qui y voit un outil de fidélisation. « Les gens ont peu de temps et sont de moins en moins monotâches », abonde Julien-Henri Maurice, le directeur exécutif numérique, produits, et technologies du « Point ». Avec ce nouveau service, « on peut être en train de faire son footing, de cuisiner… ‘Le Point’ est un compagnon de news, pas uniquement écrit », poursuit-il.

Depuis que « La Tribune » s’est lancé en précurseur avec ETX Majelan en juin 2021, de plus en plus d’éditeurs de presse suivent le mouvement. « Le Figaro », également partenaire de la start-up française, le propose depuis avril sur l’ensemble de ses articles publiés depuis. Le quotidien y réfléchissait depuis plusieurs années, mais les solutions n’étaient pas à la hauteur. « Ces dix-huit derniers mois, il y a eu un vrai bond technologique d’un point de vue qualitatif, même si c’est encore loin d’être parfait », souligne Bertrand Gié, le directeur du pôle News du « Figaro ». L’avantage de l’algorithme est qu’il progresse petit à petit. « Plus on a d’expériences, de clients, d’utilisateurs, meilleur est le rendu », se réjouit Jérôme Doncieux, le PDG d’ETX Majelan.

Complément de revenus

Les premiers résultats sont encourageants. « Entre 0,8 et 1 % des gens qui consultent un article l’écoutent », indique Bertrand Gié, qui se réjouit d’un taux de complétion très important : « L’immense majorité écoutent au moins 80 % de l’article. » « Le Figaro » et « Le Point » envisagent désormais le développement de playlists d’articles, une fonctionnalité que La Matinale du « Monde » offre déjà.

Sur ce type de services, « on est encore au démarrage, mais je pense que ça va aller très vite », parie Bertrand Gié. L’audio pourrait un jour apporter un complément de revenus. « Le Figaro » fait précéder de publicité certains articles lus. « Ce n’est pas la première motivation, indique-t-il, mais ça peut générer un peu de revenus et couvrir nos dépenses. » Le PDG d’ETX Studio va plus loin : « Ça va devenir un marché vraiment significatif », parie Jérôme Doncieux.

 

Lire : Les Echos du 9 janvier

 

Jean-Philippe Behr

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