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La rentrée littéraire s’ouvre sous de bons auspices

Cette rentrée placée sous le signe d’une diète forcée, avec une production éditoriale en baisse de 7,6 %, fait la part belle aux femmes et aux petites maisons. Les chiffres confirment le redémarrage du marché et portent la tendance annuelle des ventes à une quasi-stabilité, avec une hausse de 1,2 %, très loin de la chute de 4,4 % de 2018.

Amélie Nothomb est la vedette de cette rentrée littéraire avec « Soif » (Albin Michel), succès critique et commercial. En tête des palmarès, le livre totalise déjà 160.000 exemplaires vendus.

 

Comme le champagne, les parfums de luxe, la pelote basque et le roquefort, la rentrée littéraire est une spécialité exclusivement hexagonale … « Jamais on ne parle autant de livres, jamais on ne les lit et on ne les décortique autant, jamais ils ne sont aussi présents dans l’espace médiatique qu’à ce moment précis. Alors, ne boudons pas notre plaisir ! » s’exclame Philippe Robinet, PDG de Calmann-Lévy (Hachette).

 

D’autant que cette rentrée intègre quelques bonnes surprises comme la présence de plusieurs « petites » maisons d’édition dans la première sélection du Goncourt , à l’image d’Arléa, Verdier, L’Observatoire (groupe Humensis), Sabine Wespeiser et Buchet-Chasnel, ou du Renaudot avec les maisons Zulma et Alma. Ou encore, le grand nombre inopiné de femmes dans les sélections des prix Goncourt, Renaudot et Médicis. De nouvelles maisons, de nouvelles plumes… De quoi redistribuer les cartes entre les différents acteurs.

Reprise des ventes au printemps

 

Car inutile de se voiler la face, derrière le glamour de la rentrée littéraire et le prestige des sélections, il y a surtout les chiffres, ceux des publications de la rentrée, comme ceux directement liés aux prix littéraires. Car, qui dit Goncourt, dit fortes ventes, de l’ordre de 398.100 exemplaires en moyenne selon la dernière étude GfK sur la période 2012-2016. Cadeau préféré des Français sous le sapin, ces derniers dynamiseront les ventes du secteur dès novembre.  Président d’Albin Michel, Gilles Haéri l’admet sans détour : « Etre présent sur une liste de prix, cela aide un auteur à exister dans une rentrée. Point positif, le jeu des prix littéraires est plus ouvert que par le passé, et Albin Michel, avec son Goncourt en 2013 pour ‘Au revoir là-haut’ de Pierre Lemaître, ou Actes Sud sont des exemples de maison ayant depuis une dizaine d’années fait leur entrée sur ce terrain. »

Ecosystème apparemment équilibré

 

Tirant les leçons de la douche froide infligée par les ventes de la rentrée 2018 et  anticipant la chute du chiffre d’affaires du secteur de l’édition (-4,4 %) révélée en juillet, les acteurs du secteur ont réduit la voilure. La production de livres a accusé une baisse de 7,6 %. Et à l’arrivée, c’est un total de 524 romans qui sont arrivés en librairie, en grande distribution et sur les plates-formes. « Il y a 43 titres en moins, dont 12 premiers romans sur le total, ce n’est pas rien… » relève Pierre Dutilleul, directeur général du Syndicat National de l’Edition (SNE).

 

Mais surprise, les chiffres du premier semestre 2019 sont bien meilleurs qu’escomptés. En mai, les ventes globales ont progressé de 7,5 %, avant de chuter de 6 % en juin puis de s’envoler à nouveau de 7 % en juillet. Ces résultats semblent confirmer la reprise du marché, visible dès le printemps, et portent la tendance annuelle à +1,2 % selon les chiffres GfK. Même s’il s’agit de prendre ces données avec une certaine distance : « Nous sommes face à un écosystème qui apparaît globalement stable ou presque, alors qu’en réalité, il dissimule de profondes disparités : face à la santé insolente de la BD, des livres jeunesse et du format Poche, la littérature souffre… » analyse un grand éditeur.

Recul de la littérature

 

Car c’est un fait, en 2018, le chiffre d’affaires réalisé par la littérature globale a chuté de 5,7 %. Et on ne parle pas de la « littérature exigeante » qui englobe grands auteurs et oeuvres plus difficiles d’accès… « Au niveau du marché global, il est vrai que la littérature ‘exigeante’ recule, au profit des romans grand public ou de genre », admet Gilles Haéri. Néanmoins, chez Albin Michel, les romans publiés dans la collection dite « blanche » en littérature française ou dans la collection « Grandes traductions » sur le terrain étranger, représente plus d’un tiers de la production (une quarantaine de romans environ sur 120) ». « Soif » d’Amélie Nothomb, publié le 21 août et en tête des palmarès de romans, revendique 160.000 exemplaires commercialisés en l’espace de trois semaines.

 

Lire : Les Echos du 12 septembre

 

Jean-Philippe Behr

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