Référence dans son domaine, le magazine « Liaisons sociales » va disparaître. Plusieurs autres titres du groupe sont placés en liquidation ou en redressement judiciaire. Plus de 60 pigistes et salariés ont vu leurs postes supprimés dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi.
C’est la déconfiture pour le groupe de presse professionnelle mosellan Téma (nom commercial de 6TM), éditeur de 40 magazines et 36 sites Web dans l’agriculture, les transports, les ressources humaines et la santé animale. Plusieurs titres devraient disparaître, alors que ce groupe familial de presse professionnelle, fondé par l’entrepreneur François Grandidier, est en difficulté financière, devant rembourser 14 millions d’euros de prêts garantis par l’Etat (PGE) obtenus pendant la crise sanitaire, selon « La Lettre A ».
Selon les informations de la lettre spécialisée, que nous avons pu confirmer, les magazines « Liaisons sociales » et « Entreprise & Carrières », publications de référence des sciences et des ressources humaines, reprises en 2016, vont cesser de paraître. Contacté, le groupe Téma indique réfléchir à repositionner sur un format numérique « Entreprise & Carrières », dont il détient la marque. Aucun projet n’est envisagé pour « Liaisons sociales », la marque étant exploitée sous format numérique par le groupe scandinave Karnov.
La société éditrice des deux titres, Social RH Publications, a été placée en liquidation judiciaire le 12 juillet, tout comme la Société de presse internationale, éditrice de « L’Antenne », spécialisée sur le transport multimodal, du « Journal de la marine marchande » et de « Navigation, Ports & Intermodalité ». Pour ces deux entreprises, un plan de sauvegarde de l’emploi vise 67 collaborateurs, selon Téma, dont une très grande majorité de pigistes, pour un total de 14 emplois équivalents temps plein. Deux salariés ont été reclassés dans le groupe, selon la direction des ressources humaines.
Effet ciseaux
Enfin, trois autres sociétés du groupe ont récemment demandé leur placement en redressement judiciaire, « Actualités sociales hebdomadaires » (« ASH »), « SCM » (« Supply Chain Magazine ») et le holding Info6TM. Dans l’attente de la décision du tribunal, espérée le 11 octobre lors d’une prochaine audience, certains salaires n’ont pas été versés, mais « ils le seront », assurent les représentants de Téma. Deux sociétés du pôle tourisme du groupe (Média et Tourisme, et Tourisme et transport de voyageur) avaient déjà été placées en liquidation judiciaire en 2022. La mise à l’arrêt du secteur touristique pendant la crise sanitaire leur avait été fatale.
Fragilisé par le Covid-19, qui fait chuter ses recettes, le groupe Téma a ensuite fait face à la flambée du prix du papier. Cet effet ciseaux n’a pas pu être surmonté. D’anciens collaborateurs dénoncent aussi une stratégie « incompréhensible », marquée par un fort turn-over des équipes de direction. « Le groupe était déjà fragile avant le Covid », insiste un ancien de la maison.
Téma revendiquait en début d’année un chiffre d’affaires d’environ 45 millions d’euros annuels, près de 400 collaborateurs – dont plus la moitié de journalistes, pigistes réguliers inclus – et autour de 750.000 abonnés pour ses différents titres. L’entreprise a accéléré sa transformation numérique depuis 2022, avec notamment la sortie au printemps dernier d’un portail numérique dédié au transport et à la logistique, rassemblant ses titres sur le secteur. Un portail sur l’agriculture doit être mis en ligne cet automne.
Lire : Les Echos du 4 septembre
Pascal Lenoir
