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Le marché de la BD bat tous ses records

Près de 900 millions d’euros en 2021

L’an passé, le secteur français de la BD au sens large (mangas, comics, BD jeunesse et BD de genre) a bondi de 50 % par rapport à 2020, selon le bilan annuel dressé par GfK Market Intelligence en partenariat avec le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. En volume, plus d’une BD vendue sur deux en 2021 a été un manga.

Une envolée vers des hauteurs stratosphériques. L’an passé, le marché français de la bande dessinée au sens large (mangas, comics, BD jeunesse et BD de genre) a atteint 890 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon le bilan annuel dressé par GfK Market Intelligence en partenariat avec le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, tandis que 85 millions d’ouvrages ont trouvé preneurs. Soit un décollage de 50 % en valeur et de 60 % en volume par rapport à l’exercice 2020.

« C’est une année record qui suit une année record. Aujourd’hui, le marché français de la BD représente, en volume, 24 % du secteur total de l’édition. Le double par rapport à il y a dix ans », remet en perspective Xavier Guilbert, spécialiste du marché. Les causes de cet élan en 2021 ? Un alignement des planètes et des effets structurels forts.

« Entre la difficulté de voyager ou d’assister à certains événements culturels, de nombreuses dépenses de loisirs se sont reportées sur la BD », note Xavier Guilbert. Comme toutes les années impaires depuis 2013, un nouvel Astérix a aussi débarqué sur les étals des librairies en octobre. Avec plus de 1,548 million de copies écoulées entre sa sortie et la fin de l’année, ce 39e album s’est largement imposé comme la meilleure vente de 2021 et a aussi fait office de locomotive pour l’ensemble du marché.

Plus d’une BD vendue sur deux a été un manga

Mais la potion magique est loin d’être la seule à expliquer la vigueur hors norme du secteur qui a aussi bénéficié des performances de Mortelle Adèle, la star de la BD jeunesse, puisque pas moins de 15 albums figurent dans le Top 50 établi par GfK Market Intelligence pour 2,3 millions de volumes vendus.

Surtout, plus d’une BD vendue sur deux l’an passé a été un manga, une grande première. Dans le détail, le genre a représenté 55 % des ventes totales du marché de la BD en volume et 40 % en valeur [un manga se vend à un peu plus de 7 euros en moyenne, contre 14 euros pour une BD, NDLR]. Une volumétrie ascensionnelle qui a été tractée en 2021 par le Pass Culture, allouant une somme de 300 euros pour les jeunes de 18 ans, à dépenser en activités et biens culturels de leur choix.

« On l’a surnommé le ‘Pass Manga’ mais son effet a été exagéré. L’an passé, 47 millions de mangas ont été écoulés contre 22,5 millions en 2020 et le Pass Culture n’explique que 6 % de ces 24,5 millions de ventes en plus », relativise Xavier Guilbert, pour qui la hausse repose avant tout sur les fondamentaux du marché. « De nombreux fans de mangas approchent la trentaine et disposent désormais d’un pouvoir d’achat notable. Et c’est aussi un genre qui gagne encore en popularité. On le voit avec des plateformes grand public comme Netflix qui proposent de plus en plus d’adaptations. »

L’effet franchise

Dans le Top 10 des BD les plus vendues de l’année, sept d’entre elles sont ainsi des mangas qui bénéficient à plein de l’effet franchise et de leur format très sériel et feuilletonnant. Sortis il y a de longues années, les tomes 1 et 2 de Naruto figurent ainsi aux 2e et 4e places du classement. Le premier album de Demon Slayer émarge, lui, à la troisième position et celui de One Piece à la cinquième.

« Cela prouve que le manga est encore en phase de recrutement en France et qu’il y a un réservoir de croissance », fait valoir Xavier Guilbert. En décembre, le 100e tome de One Piece a vu le jour, une sortie événement pour tous les passionnés du genre qui s’est traduite par un tirage de 250.000 exemplaires en France. Pas encore le niveau moyen de ventes d’un Goncourt (à près de 350.000 exemplaires), mais le manga est définitivement entré dans une nouvelle dimension.

 

Lire : Les Echos du 27 janvier

 

Jean-Philippe Behr

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