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« Le papier reste apprécié pour de nombreux usages du quotidien »

Son rôle : défendre le papier face à l’essor du numérique. Olivier Le Guay, délégué général de Culture Papier, une organisation qui fédère les acteurs de la filière, explique pourquoi ce média a encore, selon lui, des arguments à faire valoir.

Avec l’avènement du numérique, l’avenir du papier semble incertain dans notre société… Quels sont selon vous les arguments qui démentiraient cette idée ?

La roue est en train de tourner. La déconnexion et la dé-plastification sont devenues des valeurs montantes. Le cloud semblait être un concept dématérialisé, alors qu’il consomme plus d’énergie que le trafic aérien, et dans cinq ans, autant que le trafic automobile. Désormais, il faut intégrer que cette numérisation a un coût environnemental lourd : par l’utilisation incontournable de terres rares, par sa consommation d’énergie exponentielle et par la faiblesse de son recyclage. Méfions-nous aussi d’un monde qui réduit notre existence à la performance des algorithmes ! D’une façon générale, le papier reste apprécié pour de nombreux usages de la vie quotidienne : du livre au papier cadeau, du cahier au catalogue. Les études le montrent : le livre numérique reste marginal en termes de ventes (5%), le stop-pub sur la boîte à lettres stagne à 18% en moyenne nationale…

L’un des arguments défendus par la filière papier est celui du développement durable, de la responsabilité environnementale. Pouvez-vous le préciser ?

Le papier (à la différence du plastique et d’un écran) est une ressource naturelle, renouvelable et recyclable de cinq à sept fois. La critique de la déforestation n’est plus fondée depuis longtemps. La surface des forêts a doublé en 200 ans en France et en Europe alors que la consommation de papier a été multipliée par huit. En usage : les industriels ne prennent que 15% d’un arbre (ses branches, les écorces et sciures), le reste (le coeur) sert à faire des charpentes ou des meubles. Cela permet de valoriser nos forêts en leur trouvant des débouchés. La forêt doit être cultivée : un arbre en croissance stocke une tonne de CO2 par m3 (ensuite, il en rejette). 79% des déchets bois sont valorisés : 57% en une autre matière et 22% en énergie.

Lorsqu’il s’agit de communiquer un message (à un client par exemple), le papier et le numérique sont-ils substituables ? Ont-ils le même effet, la même efficacité ?

Il ne s’agit plus en effet d’opposer le digital à l’imprimé. Le digital a pour lui la rapidité, l’instantanéité, l’information immédiate. Le papier reste le garant de l’attention, de l’approfondissement de la connaissance et du respect envers celui qui reçoit le message.

Quel est selon vous l’avenir du papier dans la communication des entreprises ? Il a comme ailleurs décliné, mais semble aussi prendre nouvelles formes : courriers premium, « magalogues »…

Il ne faut pas confonde retour sur investissement et services au public. La dématérialisation des courriers, des factures, des catalogues permet d’abord aux entreprises de faire des économies immédiates, tout en habillant cela en « préservation de l’environnement ». Mais certaines marques investissent aussi sur le papier, tout simplement car il capte l’attention ! ll s’adresse à nos cinq sens, dont le toucher, le plus archaïque et le plus intime d’entre eux. Tourner les pages d’un livre, d’un catalogue et d’un journal est une expérience sensorielle qui inscrit la lecture d’une information dans la mémoire du corps.

L’avenir du papier peut-il aussi passer par son « hybridation » avec le numérique ? Ce terrain d’innovation vous paraît-il prometteur ?

De l’impression sécurisée aux impressions électroniques et/ou connectées, la matérialité de la cellulose est un support technique riche en innovations, notamment pour se substituer au plastique. L’électronique imprimée trouve ses applications (murs conducteurs ou isolants…) et les impressions sécurisées répondent aux enjeux d’aujourd’hui (contrefaçon, traçabilité…). C’est bien par l’ajout de propriétés digitales et d’outils connectés que le matériau papier se fait encore meilleur garant de l’intégrité et de la sécurité des contenus.

Pascal Lenoir

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