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Le secteur de l’édition se bat pour résister à la crise sanitaire

Pour contrer l’effet négatif du confinement et des fermetures de librairies, les éditeurs s’organisent, tandis que les ventes en ligne connaissent une hausse comprise entre 75 % et 200 %.

 

Plus de 5.000 titres décalés… Un secteur de l’édition qui s’installe progressivement dans le chômage partiel… Des achats qui ont chuté brutalement de près de 50 % la semaine suivant le confinement… Mais aussi une explosion des ventes de livres numériques. Bousculé, fragilisé par la violence de l’épidémie, le marché du livre continue de se battre.

 

« Jusqu’au 16 mars, nous étions dans une situation assez stable par rapport à 2019. Mais la semaine 12 qui a suivi la décision de confinement, le secteur a dû encaisser une perte de chiffre d’affaires de 32 millions d’euros, selon l’institut GfK. Si l’on continue sur cette tendance hebdomadaire, nous risquons de perdre entre 40 et 60 % de notre chiffre d’affaires sur l’année », estime Claude de Saint-Vincent, directeur général de Média Participations (Dargaud, Dupuis…), numéro un européen de la BD. Un chiffre sur lequel s’aligne Vincent Monadé, le président du Centre national du livre (CNL).

Report de 5.236 nouveautés

 

A la suite de la fermeture des librairies et du confinement général, les maisons d’édition ont très vite réagi, décalant, dans les dix jours suivant l’annonce du confinement, la parution de 5.236 nouveautés et nouvelles éditions prévues entre fin mars et fin juin.

« Tous les éditeurs ont dû revoir leur programme car c’est impossible de simplement décaler un ouvrage prévu pour fin mars, avril ou mai – période traditionnellement réservée aux essais et aux nouveautés – à l’été, où les lecteurs sont à la recherche de livres distrayants et encore moins en septembre, grand moment de la rentrée littéraire, ajoute Claude de Saint-Vincent. Mais reprogrammer constitue un véritable exercice d’équilibrisme… »

 

Parmi les nouveautés, 2.498 titres, soit un peu moins de la moitié du total (47,7 %), ont été alors reportés à une nouvelle date, dont 1.068 en mai (42,7 %), 572 en juin (22,9 %), 233 en juillet (9,3 %), 230 en août (9,2 %), 205 en septembre (8,2 %), selon « Livres Hebdo ». Parmi les premiers concernés, les romans, les livres jeunesse, la BD et les mangas.

Le chômage partiel… pour sauvegarder les emplois

 

A compter de là, un certain nombre de grands éditeurs se sont installés dans le chômage partiel, à l’image d’Actes Sud, de certaines filiales de Média Participations, ou de Madrigall (Gallimard, Flammarion…), qui a mis à l’arrêt la quasi-totalité des services – dont la diffusion, la distribution, les cessions de droits ou encore les partenariats.

Explosion des ventes en ligne

 

Mais des signaux positifs sont – aussi – au rendez-vous, avec notamment des commandes en forte croissance chez Lalibrairie.com, qui « livre près de 2.400 livres au quotidien. Nous avons même du mal à faire face à l’afflux des demandes », explique son patron, Renny Aupetit. Surtout, la vente en ligne de livres électroniques explose avec des hausses d’activité comprises entre 75 % et 200 % (source « Livres Hebdo »).

« Sur Fnac. com, nous avons relevé une croissance moyenne de 130 % des téléchargements d’e-book depuis le 16 mars, assortie d’une multiplication par deux des ventes de liseuses », explique-t-on chez le distributeur. De quoi s’interroger sur l’évolution à venir de la part de marché de l’e-book, qui stagnait jusqu’ici à 6 % sur le segment de la littérature générale, mais pourrait enregistrer une subite hausse grâce à l’épidémie de coronavirus. Après y avoir pris goût, les lecteurs reviendront-ils au livre physique, une fois les librairies réouvertes ?

 

Il est vrai que les acteurs du secteur relèvent leurs manches et s’organisent, à l’image de l’indépendant Albin Michel qui, le 30 mars, a décidé de mettre en ligne, à des prix proches de celui d’un Poche, plusieurs romans de sa rentrée littéraire de septembre 2019, comme « Le bal des folles » de Victoria Mas (à 9,99 euros), très remarqué, et des succès commerciaux comme «Bed Bug» de Katherine Pancol à 9,99 euros. Un pari suivi également par certaines filiales de Hachette (Grasset, JCLattès…) et Madrigall (»Le coeur de l’Angleterre » de Jonathan Coe (8,49 euros), « Nos espérances » de Anna Hope (7,99 euros) chez Gallimard). D’où, à l’arrivée, un marché du livre en mutation accélérée, effet collatéral du Covid-19.

 

Lire : Les Echos du 2 avril

 

Jean-Philippe Behr

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