Transformer des milliers de pages de droit en capsules de formation interactives : c’est le pari de l’organisme de formation professionnelle et de l’edtech. En combinant l’IA, la pédagogie et la maîtrise du contenu, le groupe veut industrialiser la formation juridique sans trahir l’exigence de qualité sur le fond.
L’intelligence artificielle entre au coeur de la formation juridique. En s’alliant à Gutenberg Technology, le groupe Lefebvre Dalloz Compétences, installé à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, donne naissance à une plateforme capable de transformer, à la vitesse de l’IA, son immense fonds documentaire en formations interactives et modulables.
Une innovation discrète mais structurante, à la croisée du droit, de l’édition et de la technologie éducative. « Depuis des années, nous investissons dans la structuration et la qualité de nos données. L’enjeu, c’est de les transformer en parcours d’apprentissage vivants, sans perdre la rigueur de ce contenu juridique », explique Guillaume Letzgus, directeur du pôle formation de Lefebvre Dalloz Compétences.
De cette ambition est née une plateforme d’apprentissage en ligne dont la version complète sera lancée à la fin mars 2026. Elle proposera des formations courtes – modules d’une vingtaine de minutes – fondées sur des référentiels de compétences construits avec des auteurs et des experts métiers. Objectif : permettre à tous les professionnels – avocats, experts-comptables, managers, etc – de se former à une compétence précise, en un temps compatible avec leur pratique.
Une IA sous contrôle
Pour passer du texte juridique « brut » à « l’expérience d’apprentissage », Lefebvre Dalloz Compétences s’est donc associé à Gutenberg Technology, une edtech française née en 2009 à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, et aujourd’hui implantée également à Boston, aux Etats-Unis. « Nous venons du monde de l’édition scolaire », rappelle son PDG, Gjergj Demiraj. « Et nous avons de longue date breveté une méthode qui permet de créer des contenus éducatifs à partir de différentes sources, puis de les adapter à des formats tant papier que numérique ».
Dans ce partenariat, chacun joue sa partition. Lefebvre Dalloz apporte le fond tandis que Gutenberg Technology se charge de la forme. « Nous conservons la maîtrise totale de nos données et Gutenberg les met en scène via de la gamification, des images ou des exercices interactifs, mais ces données ne quittent jamais nos serveurs », explique Guillaume Letzgus.
Un premier test
L’intelligence artificielle intervient tout au long du processus, mais dans un cadre strictement fermé. « L’IA s’enrichit des contenus fournis par l’éditeur, dans le respect des auteurs. Aucune « hallucination », comme cela peut être le cas avec des outils d’IA, n’est possible », souligne Gjergj Demiraj. Une garantie essentielle dans un secteur où la précision et la confidentialité priment.
Un premier pilote de l’outil a été mené avec le Conseil national des barreaux : 3.000 avocats formés, plus de 1.000 heures de e-learning consommées et une satisfaction des apprenants. « Ceux-ci ont attribué à ces formations une note moyenne de 4,7 sur 5. Pour un public aussi exigeant, c’est vraiment excellent », se félicite le PDG de Gutenberg Technology.
Lefebvre Dalloz Compétences, qui a réalisé l’an dernier 49 millions d’euros de chiffre d’affaires autour du droit, de la finance et des « soft skills » – les compétences dites douces ou comportementales -, voit dans cette réussite le socle d’une nouvelle phase de croissance.






































