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L’étau se resserre sur l’impact environnemental du numérique

L’évolution de la loi sur l’impact environnemental du numérique favorise un nouveau marché, celui de l’information des entreprises pour s’adapter. Le consortium NégaOctet s’y engouffre avec le lancement, ce mardi, d’une base de données mondiale.

Loi AGEC dite « antigaspi »,loi climat et tout dernièrement, loi REEN . Ce ne sont pas les véhicules législatifs qui manquent pour pousser les acteurs du numérique – fabricants, fournisseurs de service et consommateurs – à prendre en compte les impacts environnementaux du numérique. Sauf que les outils permettant d’en prendre l’exacte mesure sont encore assez rares. Une lacune que l’Agence de la transition écologique (Ademe) s’emploie à combler en poussant à la mise au point d’outils d’aide à la réduction de cette empreinte.

Le projet NégaOctet est de ceux-là. Dévoilée ce mardi matin par ses initiateurs, cette banque de données répertorie 15.000 impacts environnementaux couvrant 1.500 produits dits génériques existant dans le monde. Ceux-ci vont du smartphone dans toutes ses versions, y compris les toutes dernières, aux data centers, en passant par les antennes de téléphonie et les ordinateurs – et ce, jusque dans leur moindre composant.

Chaque étape précédant leur mise sur le marché est analysée, de l’extraction du métal entrant dans leur composition aux différentes étapes de leur fabrication et jusqu’à leur consommation ultérieure. « On couvre l’ensemble du cycle de vie », explique Frédéric Bordage, le fondateur de GreenIT , un collectif d’experts sur le numérique, membre du consortium NégaOctet aux côtés de LCIE Bureau Veritas , du cabinet de conseil APL Data Center et de DDemain , structure spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans leur transition écologique.

Pousser les entreprises à la sobriété

L’évaluation des impacts s’effectue au travers d’une dizaine d’indicateurs, dont le changement climatique, l’épuisement des matières premières abiotiques (non renouvelables), minérales notamment, tout comme celui de l’épuisement de la ressource en eau. Les émissions de particules fines, les radiations ionisantes, la consommation d’énergie primaire ou encore la production de déchets entrent également en ligne de compte. « L’horizon de la durabilité des ressources est à trente ans. Il y a urgence », prévient Frédéric Bordage.

Conçue et développée en conformité avec plusieurs normes internationales en vigueur (ISO 14040, ELCD entry level), la « méthode NégaOctet » se veut déclinable à volonté. Au niveau de l’entreprise, tout d’abord, qui peut établir un bilan du coût environnemental de ses services numériques, en interne, pour chaque poste de travail, mais aussi en externe, comme sur les écrans des clients de banques en ligne. Au niveau des consommateurs particuliers, ensuite, en leur permettant, par exemple, de savoir ce que coûte à la planète chaque heure de streaming.

Vers un « nutri-score » du numérique

Les promoteurs de NégaOctet misent sur l’émergence d’un nouveau marché de l’information, celui lié à la diffusion de données aptes à rendre plus sobres les utilisateurs du numérique ou rendre leurs services moins gourmands. S’il est prévu un service de base gratuit pour le simple usager, la licence d’accès annuel à leur banque de données devrait être facturée entre 5.000 et 50.000 euros pour les collectivités et les entreprises, en fonction notamment de leur couverture géographique.

« C’est très peu cher par rapport aux enjeux environnementaux auxquels les grands groupes doivent faire face », estime Frédéric Bordage, qui réserve d’autres développements à NegaOctet. Notamment en matière d’affichage environnemental, avec la mise en oeuvre d’un « nutri-score » des biens et services numériques, dont la perspective devrait bientôt se préciser.

 

Lire : Les Echos du 30 novembre

 

Jean-Philippe Behr

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