Une quarantaine de salariés de l’imprimerie Paragon située à Linselles (Nord) sont en grève depuis mardi 28 octobre 2025. Ils dénoncent le plan de sauvegarde de l’emploi prévoyant la suppression de 63 des 67 postes du site de production dont l’activité doit cesser le 2 janvier 2026.
“Paragon nous a tués.” Sur une banderole accrochée au portail de l’entrée de l’imprimerie Paragon spécialisée dans le marketing direct, implantée dans la zone de la Vignette à Linselles, le message des salariés en grève est limpide. Ils sont une quarantaine à faire grève depuis mardi 28 octobre 2025 après l’annonce du PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) le 2 octobre dernier. Sur les 67 salariés du site, il prévoit la suppression de 63 postes. Seulement quatre salariés cadres sont gardés pour “créer une cellule commerciale mais aussi pour éviter tout éventuel repreneur”.
Alors que toutes les machines du site seront à l’arrêt la semaine prochaine, les grévistes mènent une opération de filtrage des entrées et des sorties des entrepôts pour faire pression sur la direction générale du site basée à Dublin. Si la fermeture de l’usine est inévitable, ils demandent “une reconnaissance des années de labeurs” des salariés.
48 ans de moyenne d’âge
Après avoir été reçus par le groupe jeudi matin, les employés ont obtenu quelques avancés. “De 65%, on est passés à 75% du salaire brut maintenu sur les 12 derniers. C’était 10 mois avant les négociations. Ce sera 14 mois pour les gens dits fragiles, les personnes en situation de handicap, les gens de plus de 55 ans”, explique Olivier Bosser, secrétaire du CSE. Mais leur demande d’indemnités liée à l’ancienneté (prime supralégale par année d’ancienneté) est restée au point mort.
La moyenne d’âge des salariés de l’imprimerie est de 48 ans. “La plupart ont entre 55 et 59 ans et sont nés dans un métier en déclin. Ils vont avoir du mal à retrouver un travail. C’est pour ça qu’on se bat pour les aides à la formation”, indique Olivier qui juge le montant de ces enveloppes trop faible par rapport à l’âge avancé de ses collègues.
“Ils sont très déterminés mais il y a de l’inquiétude, de la fatigue, ajoute le membre du CSE. C’est beaucoup d’incompréhension et de tristesse parce qu’on a tous donn beaucoup d’années à ce travail. C’est le juste retour des choses qu’on demande.”
Une entreprise du tissu économique de la ville
Les grévistes ont reçu le soutien de la mairie de Linselles. Avec le député du Nord Vincent Ledoux, la maire de la commune Isabelle Pollet a adressé un courrier au préfet de la région afin de solliciter l’aide des services de l’Etat (Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités et France Travail) pour accompagner les salariés. “On reste mobilisé avec tous nos services pour accompagner les salariés. C’est toujours désolant de voir une entreprise du tissu économique de la ville fermer”, ajoute l’édile.
Créée en 1996, l’imprimerie, anciennement appelée D’Haussy, comptait 240 salariés au début des années 2000. En difficulté depuis plusieurs années, elle a été marquée par une liquidation judiciaire en 2016 et le rachat par Paragon la même année. Un premier PSE avait été mis en place en 2021 avec la suppression de 30 postes.
Ce vendredi 31 octobre 2025, les grévistes ont indiqué vouloir poursuivre leur opération de filtrage ce week-end.
Pascal Lenoir
