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Manuscry, quand les robots écrivent comme les humains

Manuscry conçoit et utilise des robots capables de tenir un stylo en main pour reproduire l’écriture humaine à la perfection, en y intégrant les nécessaires imperfections. D’un robot prototype initial, la start-up s’est développée pour compter désormais 20 équipements et poursuit sur cette voie en intégrant peu à peu de l’intelligence artificielle.

Quelques lignes sur un papier laissant penser, à s’y méprendre, qu’elles ont été rédigées par une personne. Pourtant, les robots de Manuscry en sont les auteurs. La start-up a vu le jour en 2021 de l’idée de Tristan Farneau. Au sortir de son école de développement en 2017, en débutant comme développeur dans des start-up, il constate l’augmentation des stimuli commerciaux envoyés par mail.

« J’ai vu la tendance du marché d’augmenter les volumes d’envoi mais c’était un non-sens selon moi. J’ai donc creusé la question de l’écriture manuscrite, un moyen plus authentique et sous-utilisé. » Les chiffres confirment son idée. D’après une enquête réalisée par Manuscry sur 2 000 Français, 90% accordent plus d’importance à une carte manuscrite qu’à un email ou à un courrier classique et 97% déclarent être plus attachés à une marque après réception d’une carte manuscrite. La start-up complète en précisant que les lettres manuscrites sont ouvertes à 99%.

Une main robotisée

Pendant plus d’un an, Tristan Farneau bricole un dérivé de robot et d’imprimante 3D jusqu’à obtenir une machine qui reproduit l’écriture humaine en tenant un stylo. Le robot s’appuie sur un « algorithme qui transforme le texte tapé sur un clavier en un texte qui intègre une imperfection pour ressembler à l’écriture humaine. »

Depuis cette première machine, Tristan Farneau en a conçu d’autres de ses mains jusqu’à obtenir 16 machines manuelles gérées par un opérateur unique et quatre machines autonomes en concertation avec un ingénieur. « Mis à part les bras robotisés que l’on importe des Etats-Unis pour avoir la précision à 0,1 millimètre attendue, nous maitrisons toute la technologie et en sommes propriétaires. Nous utilisons des Raspberry Pi et Arduino, nous imprimons en 3D toutes les pièces dont on a besoin. »

Bien choisir l’écriture

Actuellement, Manuscry propose huit écritures différentes. « Nous demandons à une personne réelle d’écrire un texte puis nous extrayons chaque variation de caractère écrit au stylo. Nous créons une variation en plus et on va faire une bibliothèque de caractères. L’algorithme va les reprendre et s’assurer qu’il s’imbrique entre eux avec cohérence. »

Au final, la start-up ne garde que 50% des écritures testées, rejetant celles qui sont trop liées ou dont le rendu n’est pas satisfaisant. Ne pas écrire toujours droit, faire dévier les traits, créer des ligatures… Telles sont les règles qu’appliquent les robots de Manuscry pour reproduire l’écriture humaine. Parmi ses projets d’évolution, la start-up prévoit de passer de huit à une vingtaine d’écritures différentes en 2023.

L’IA pour mieux contrôler le résultat

Manuscry travaille également à intégrer des briques pour améliorer le réalisme de l’écriture. En 2023, les quatre machines autonomes intègreront de l’intelligence artificielle pour effectuer de la reconnaissance d’image. « Actuellement chaque carte fait l’objet d’un contrôle unitaire par un humain. Nous voudrions que l’IA assure la vérification. L’objectif ultime est que la technologie génère des textes en apprenant des écritures afin de remplacer l’algorithme. »

La jeune pousse souhaite également augmenter ses capacités de production pour répondre à une demande grandissante aussi bien des scale-up que des grands groupes et s’ouvrir à l’international. Manuscry compte 200 clients pour lesquels elle a déjà réalisé plus de 100 000 cartes envoyées.

« Nous avons trois types de campagne. D’abord, de la prospection en B2B dans des milieux concurrentiels pour se démarquer ou pour atteindre des prospects plus difficiles ; ensuite, dans le cadre de relations B2C, pour fidéliser les clients, notamment pour les entreprises en ligne qui s’attachent à offrir un service client de qualité ; enfin pour inviter des clients ou des partenaires à un évènement. »

 

Lire : L’Usine Digitale du 12 décembre

 

Jean-Philippe Behr

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