CCFI

Plan de soutien : le secteur des médias s’impatiente

Des mesures de soutien comme des crédits d’impôt pourraient être intégrées dans le projet de loi de finances rectificative de juin et seraient suivies d’un plan plus global en fin d’été. Mais pour la presse et l’audiovisuel, il y a urgence.

 

Il y aura bien un plan d’aide de l’Etat pour les journaux et l’audiovisuel, même s’il se fait encore désirer… Ces derniers jours, le secteur des médias, durement touché par l’effondrement des recettes publicitaires , s’impatiente et l’Elysée calme le jeu. « Il y aura bien des mesures spécifiques pour la presse et les médias en complément des 3,5 milliards d’euros déjà annoncés pour le secteur de la culture [un chiffre comprenant la prise en charge du chômage partiel, les prêts garantis par l’Etat, l’année blanche pour les intermittents, les fonds de solidarité, le soutien à Presstalis…, NDLR] », confirme-t-on à l’Elysée.

 

Certaines pourraient être intégrées dans des amendements au projet de loi de finances rectificative, qui sera examiné au Parlement à partir de la semaine du 22 juin, et d’autres entreraient dans un plan de relance plus vaste qui devrait être présenté à la fin de l’été.

 

La presse devrait ainsi être soutenue au-delà des 200 millions apportés ou promis à son principal distributeur en difficulté, Presstalis. Ainsi, un crédit d’impôt sur les abonnements (dont bénéficieraient les souscripteurs) est en attente d’arbitrage. Le président Emmanuel Macron en avait déjà parlé lors de ses voeux à la presse en janvier. Le secteur pourrait aussi bénéficier d’un crédit d’impôt éditeur qui allégerait ses dépenses en masse salariale de journalistes. Un plan pour la filière presse attend aujourd’hui le feu vert politique. « J’attends un vrai plan, comme il y en a déjà désormais dans de nombreux pays. Tout le secteur des médias est ébranlé », plaide cependant Marc Feuillée, patron du Figaro.

Crédits d’impôt

 

Le geste fiscal pourrait concerner aussi les chaînes de télévision. Il s’agirait notamment d’établir un crédit d’impôt sur leurs investissements dans la production audiovisuelle et le cinéma afin d’alléger leurs obligations de financement de la création. « Ce n’est pas encore arbitré », précise l’Elysée. Les médias audiovisuels pourraient y intégrer la masse salariale des journalistes, même si cela ne semble pas parmi les pistes prioritaires. Enfin, certains – comme la députée Aurore Bergé – voudraient inclure dans le crédit d’impôt l’assiette des droits sportifs.

 

En revanche, le crédit d’impôt sur les dépenses de communication demandé par une grande partie du secteur semble abandonné, mais l’Elysée indique que la question n’est pas tout à fait tranchée.

 

D’autres aides directes seraient aussi poussées par des parlementaires, comme un soutien de l’Etat sur les coûts liés à la TNT et au DAB+ (en radio) ainsi qu’une aide directe aux médias locaux qui ont durement souffert de la crise (notamment les radios locales et médias d’outre-mer).

 

Quant au devenir de la loi audiovisuelle, dont l’examen à l’Assemblée nationale a été repoussé à cause de la crise sanitaire, il n’est pas encore arbitré. « On examine les possibilités avec le Parlement, qui a un calendrier très chargé », précise l’Elysée. Ce qui semble sûr, c’est que la transposition de certaines parties du texte comme la directive SMA (service de médias audiovisuels), prévoyant que les plateformes étrangères de type Netflix se conforment à l’exception culturelle française et participent à son financement, est bel et bien prévue pour cette année. Début mai, Emmanuel Macron s’y était lui-même engagé.

 

Pour le reste du grand projet de réforme de l’audiovisuel, « toutes les options sont ouvertes », indique l’Elysée. Le texte, qui aborde de nombreux points, pourrait être redécoupé. « Le scénario le plus plausible est celui d’un texte de loi avec des habilitations à passer par ordonnance sur les directives SMA et droit d’auteur et la création de l’Arcom [le futur régulateur, NDLR], et des articles concernant le piratage et les relations producteurs/diffuseurs audiovisuels », explique un bon connaisseur du sujet. Alors que le décret libéralisant la publicité télévisée n’a même pas été publié, les télévisions s’impatientent et s’inquiètent de faire les frais de la transposition de la directive SMA.

 

Lire : Les Echos du 11 juin

 

Jean-Philippe Behr

Nos partenaires

Demande d’adhésion à la CCFI

Archives

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Demande d’adhésion à la CCFI