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Pourquoi Bertelsmann croit (encore) en l’édition

En finalisant l’acquisition de Penguin Random House pour plus de 600 millions de dollars, le groupe allemand se dote d’une puissance de feu incomparable pour rafler la mise sur un marché rentable et toujours en croissance.

 

Pourquoi Bertelsmann s’endette-t-il à hauteur de 675 millions de dollars pour grandir dans un secteur aussi malmené par les nouvelles technologies et les nouveaux modes de consommation que celui du livre ?

 

En annonçant la semaine dernière l’acquisition des 25 % de l’américain Penguin Random House qui lui manquaient, Bertelsmann a finalisé une opération programmée depuis 2013,  la fusion de ses activités d’édition avec Pearson .

 

Cette acquisition, qui doit être achevée au deuxième trimestre de l’année prochaine, renforce l’identité de l’entreprise familiale de Gütersloh, fondée en 1835 en tant que petite maison d’édition. Mais au-delà de l’aspect culturel, l’opération a tout pour plaire d’un point de vue économique pour Bertelsmann.

Une activité lucrative

 

Penguin Random House, valorisée au total 3,2 milliards d’euros, a en effet dégagé une rentabilité avant impôts et amortissements de plus de 15 % en 2018, bien supérieure aux 10 % fixés à ses différentes divisions par le groupe allemand présent dans l’éducation, l’imprimerie, la musique, la télévision ou encore la radio. « La part des bénéfices revenant aux actionnaires de Bertelsmann augmentera de plus de 70 millions d’euros par an [grâce à cette opération] », a précisé Thomas Rabe, directeur général du groupe de médias. Pour mémoire, Bertelsmann a dégagé en 2018 un bénéfice de 1,1 milliard d’euros.

 

Le contrôle total du plus grand groupe d’édition généraliste au monde, avec plus de 300 maisons indépendantes, doit lui permettre de doper une activité lucrative qui représente 20 % de son chiffre d’affaires. Ce métier continue de croître mondialement de 1 à 2 % par an sous l’effet de la croissance démographique et du taux d’alphabétisation. Seul à bord, Bertelsmann compte faire mieux en continuant « à développer Penguin Random House par croissance organique et par acquisition », a souligné Thomas Rabe.

En tête dans la guerre des meilleurs contenus

 

Le directeur général du groupe va, pour ce faire, mobiliser 50 à 100 millions d’euros par an pour des acquisitions. Il vise notamment les Etats-Unis, « le plus grand marché du secteur », rappelle Thomas Rabe, mais aussi l’Inde, la Chine et le marché hispanophone. En jouant activement son rôle de consolidateur du secteur, Bertelsmann se donne par ailleurs toutes les chances d’attirer les meilleurs contenus, devenus le nerf de la guerre dans le secteur.

 

Parmi les plus de 600 millions de livres vendus chaque année, Penguin Random House édite déjà les romanciers américains John Grisham et Dan Brown ou encore la série des « 50 nuances de Grey » de la britannique E.L. James. Après avoir publié  les mémoires de Michelle Obama , vendues à plus de 12 millions d’exemplaires, la publication, promise l’an prochain par Thomas Rabe, de celles de son mari et ancien président américain promet un futur tabac mondial dont Bertelsmann se frotte les mains par avance.

 

Lire : Les Echos du 24 décembre

 

Jean-Philippe Behr

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