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Rouen veut bloquer la cession de la Chapelle-Darblay en usant de son droit de préemption

Alors que le papetier UPM a annoncé vendredi 15 octobre vouloir céder son usine au consortium Samfi-Paprec, la collectivité veut user de son « droit de préemption » sur le site pour l’obliger à revoir son projet de vente. La Métropole défend l’offre concurrente déposée in extremis par Veolia-Fibre Excellence qui maintiendrait une activité de transformation de papier.

Ultime rebondissement pour l’avenir de l’usine de Chapelle-Darblay de Grand-Couronne (Seine-Maritime). La Métropole de Rouen a pour intention de « faire usage de son droit de préemption » – acquisition prioritaire du terrain – lorsqu’elle aura été notifiée de la vente de l’usine par UPM à la société d’investissement Samfi-Invest et à son partenaire Paprec.

Vendredi, le conseil de surveillance d’UPM France avait en effet décidé la reprise de Chapelle-Darblay par cet attelage qui entend bâtir un « écopole » sur le site de 33 hectares. Samfi veut produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau et Paprec regrouper ses activités de préparation de déchets (papiers, bois…) avant leur expédition.

UPM a écarté l’offre concurrente, déposée in extremis le 13 octobre par le groupe Veolia associé au papetier Fibre Excellence (filiale du groupe canadien Paper Excellence). Ce consortium propose de produire 400.000 tonnes de papier carton avec 250 salariés (l’effectif d’avant fermeture) moyennant un investissement de 120 millions d’euros.

Retarder la vente

« Nous prenons nos responsabilités pour éviter un gâchis », a réagi Nicolas Mayer-Rossignol, président socialiste de la Métropole Rouen Normandie. Le prix du foncier – de l’ordre de 5 millions d’euros – sera défini par les services des Domaines (Etat) et non par le vendeur. Pour la Métropole, l’objectif est de retarder la vente et d’amener UPM à revoir son offre en faveur de Veolia « qui a une offre industrielle crédible allant dans le sens de l’intérêt général et de l’économie circulaire ».

« On peut se demander si, en écartant l’offre Veolia-Fibre Excellence, l’objectif d’UPM n’est pas de neutraliser l’outil industriel Chapelle-Darblay », s’interroge de son côté Arnaud Dauxerre, représentant sans étiquette du collège cadres au CSE d’UPM France. C’est-à-dire d’empêcher la cession à un concurrent papetier, Fibre Excellence étant le premier producteur français de pâte à papier marchande (550.000 tonnes de papier carton par an en France).

Volume d’emplois incertain

Selon le syndicaliste, le projet Samfi-Paprec n’utilise pas l’outil industriel, repose sur un volume d’emplois incertain et nécessiterait un investissement colossal de 450 millions. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, et la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, ont eux aussi « regretté la décision de vendre la papeterie Chapelle-Darblay près de Rouen au groupe Samfi-Paprec ».

La vente n’est pas faite. De l’aveu des protagonistes, rien n’a été signé à ce stade. Mais pourquoi Veolia, qui insiste sur le caractère « rentable et écologique » de son projet, dépose-t-il cette offre deux ans après la mise en vente de l’usine ? « Nous travaillions sur ce projet depuis presque un an », confie Antoine Frérot, PDG de Veolia. « Mais après le retrait de notre partenaire initial VPK [qui s’est associé en juin 2021 au papetier thaïlandais Double A, NDLR], nous avons dû revoir le dossier en nous associant avec un autre papetier, Fibre Excellence. »

 

Lire : Les Echos du 15 octobre

 

Jean-Philippe Behr

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