Une enquête révèle que les interdictions de livres atteignent un niveau spectaculaire depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Le président républicain a en effet passé plusieurs lois fédérales prohibant les ouvrages évoquant la théorie de genre ou le racisme.
Stephen King est l’auteur qui en est le plus souvent victime, 87 de ses romans ayant été visés l’an dernier.
C’est l’un des écrivains américains les plus populaires de tous les temps. Régulièrement au sommet des meilleures ventes, Stephen King figure à la première place d’un classement bien plus désagréable. D’après une enquête réalisée par l’association PEN America, l’auteur de Ça et Carrie est actuellement le plus censuré dans les écoles américaines, conséquence directe des pressions exercées par l’administration Trump. Pas moins de 87 de ses romans ont fait l’objet de 206 procédures d’interdiction, sur les 6.800 lancées à travers le pays au cours de l’année scolaire 2024-2025. C’est moins que les 10.000 l’année précédente. Mais plus que jamais dans l’Histoire des États-Unis.
La Floride, où plus de 2.000 livres ont été bannis durant l’année scolaire écoulée, est l’État le plus radical vis-à-vis des romans de Stephen King. Depuis 2021, le gouverneur républicain Ron De Santis a passé des lois très strictes, interdisant les contenus LGBT+ des bibliothèques. PEN America souligne que ce mouvement s’est accéléré avec le retour de Donald Trump au pouvoir, l’homme d’affaires faisant passer plusieurs textes fédéraux qui visent également à protéger les enfants de “l’endoctrinement racial” ou encore de “l’idéologie de genre extrémiste”. Les scènes de violence et de sexe font également partie des raisons pour lesquelles les livres sont censurés par les établissements questionnés. À noter que la Floride, le Texas et le Tennessee sont responsables de 80% des interdictions l’an dernier.
“Jamais autant de livres n’avaient été systématiquement retirés des bibliothèques scolaires à travers le pays”, déplore PEN America. “Jamais autant d’États n’avaient adopté de lois ou de réglementations pour faciliter l’interdiction des livres. Jamais autant de politiciens n’avaient cherché à intimider les chefs d’établissement pour qu’ils censurent selon leurs préférences idéologiques, allant même jusqu’à menacer de retirer tout financement public. Jamais auparavant l’accès à autant d’histoires n’avait été volé à autant d’enfants”.
Informé du contenu de l’enquête de PEN America, Stephen King a réagi en début de semaine. “Je suis maintenant l’auteur le plus interdit aux États-Unis. 87 livres !”, a-t-il écrit dans un message posté sur son compte X, suivi par 6,8 millions d’abonnés. “Puis-je vous suggérer de prendre l’un de mes romans et de voir ce que tout cela signifie ? Les croisades moralisatrices contre les livres ne peuvent pas toujours l’emporter. C’est encore l’Amérique, merde !”.
Outre-Atlantique, Stephen King reste l’un des auteurs les plus lus par les Américains. Paru cet été, son dernier roman intitulé Sans Trembler a cartonné. Mais l’auteur subit régulièrement des attaques sur les réseaux sociaux en raison de ses critiques contre le clan Trump. Le mois dernier, il s’est excusé suite à un message publié en réaction à la mort de Charlie Kirk. L’écrivain avait accusé l’influenceur conservateur d’être favorable à la lapidation des homosexuels, avant de réaliser que ses propos avaient été sortis de leur contexte.
Pascal Lenoir
