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Trump pourrait compliquer le pari américain de Bertelsmann

Les tarifs douaniers risquent de gêner l’activité de la maison d’édition Penguin Random House. L’Amérique du Nord est devenue en 2024 la première source de revenus de Bertelsmann.

C’est une montée en puissance qui tombe mal. Alors que Donald Trump s’apprête à déclencher une guerre commerciale tous azimuts avec l’Europe, le Mexique et le Canada, jamais les Etats-Unis n’ont pesé autant dans l’activité de Bertelsmann, le propriétaire de M6.

L’an dernier, l’Amérique du Nord est devenue la région la plus importante du groupe, pour la première fois de son histoire, avec 29 % des revenus. Une part qui a doublé depuis 2011, pour finir par dépasser celui de l’Allemagne (27,4 %). L’impact est encore plus fort en termes de rentabilité : « L’Amérique du Nord contribue à hauteur de 40 % au résultat », a déclaré Thomas Rabe, le président et PDG de Bertelsmann, à l’agence de presse allemande. De quoi rendre le groupe très sensible à l’évolution de l’économie américaine.

Exercice record en 2024

De fait, Bertelsmann possède le premier éditeur grand public de la planète, Penguin Random House, dont le siège est à New York. La maison, qui détient près de 24 % du marché américain du livre, a réalisé un exercice record en 2024, au cours duquel elle a publié et vendu plus de livres que jamais auparavant. Grâce à des prix de vente plus élevés et à une croissance du livre audio, Penguin Random House a généré un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros, en croissance de 8,4 %.

Le conflit douanier entre le Canada et les Etats-Unis pourrait néanmoins avoir des conséquences sur l’activité, alors que la maison d’édition réalise près de 60 % de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis. « Nous achetons du papier au Canada. Cela pourrait être soumis à des droits de douane, mais tout cela n’est pas encore clair », a déclaré Thomas Rabe. Bertelsmann possède plusieurs imprimeries aux Etats-Unis mais fait également imprimer des livres en couleurs en Chine.

Le groupe juge qu’il pourra s’en accommoder de ces difficultés. « Nous ne nous laissons pas impressionner par les fluctuations à court terme », estime le dirigeant. « Nous restons fondamentalement convaincus par le marché américain. Nous allons continuer à développer nos activités aux Etats-Unis. »

« Nous n’avons jamais fixé de quotas »

Quid des lettres envoyées à des entreprises françaises, leur demandant de remplir un « formulaire de certification du respect de la loi fédérale américaine sur l’anti-discrimination » ? Le groupe de la famille Mohn n’a reçu aucun courrier à ce jour de la part de l’ambassade américaine en Allemagne.

« Pour nous, la diversité et l’inclusion sont essentielles à la créativité et à l’esprit d’entreprise, et donc aux valeurs fondamentales de Bertelsmann, et cela restera ainsi. Notre approche a toujours été basée sur la performance et nous n’avons jamais fixé de quotas. Il n’y a rien de discriminatoire dans cette approche, c’est pourquoi j’ai du mal à croire que quelqu’un puisse la rejeter ou la critiquer », explique Thomas Rabe aux « Echos ».

Le propriétaire de la maison de disques BMG, d’Arvato et de RTL Group a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 19 milliards d’euros, en retrait d’un milliard d’euros, à la suite de la cession de Majorel à Teleperformance en 2023. L’activité de RTL Group est restée stable sur la période, à 6,8 milliards d’euros, pour un résultat opérationnel ajusté de 1,1 milliard.

Porté par une offre intégrée à celle de Deutsche Telekom, le groupe de radios et de télévision a vu son service de streaming RTL + passer le cap des 6 millions d’abonnés payants en Allemagne, derrière Amazon, Netflix et Disney +. Dans un marché où cohabitent près de 30 services de streaming, la super app RTL + veut atteindre un volume de 8 à 9 millions en 2026, soit 20 % des foyers allemands. Un seuil nécessaire pour être rentable. En France, RTL Group revendique, une hausse de 30 % du nombre d’utilisateurs mensuels depuis le lancement de M6 +.

Comment réagit le groupe aux velléités de la famille Berlusconi de monter au capital du groupe bavarois ProSiebenSat.1 ? « Je ne pense pas qu’un changement dans la structure de l’actionnariat aura un impact sur leur positionnement », estime Thomas Rabe. Le dirigeant souligne que l’écart en audience entre les deux groupes n’a jamais été plus élevé que l’an passé. En 2024, RTL Deutschland a vu sa part de marché chuter d’un point, chez les 14-59 ans, à 26,3 %. Mais le groupe revendique une avance de 6,3 points sur son concurrent privé bavarois.

Lire : Les Echos du 31 mars

Jean-Philippe Behr

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