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Un livre vendu sur cinq l’est sur le marché de l’occasion

En valeur, le marché de l’occasion a pesé 350 millions d’euros l’an passé, selon une étude réalisée par la Société française des intérêts des auteurs de l’écrit (Sofia) et le ministère de la Culture. Les gagnants ne sont pas les acteurs les plus attendus.

Ce sont des chiffres sur lesquels le secteur français de l’édition phosphore et pronostique depuis de longues années. Le voilà désormais fixé. En 2022, le marché du livre de l’occasion s’est élevé à 80 millions d’exemplaires vendus – soit un bond de 30 % sur cinq ans -, tandis que 320 millions d’ouvrages neufs ont trouvé preneur sur la même période l’an passé, selon une étude réalisée par la Société française des intérêts des auteurs de l’écrit (Sofia) et le ministère de la Culture.

En clair, un livre vendu sur cinq provient désormais du marché de l’occasion. En 2014, ce ratio était d’un pour huit. En valeur, le marché de l’occasion a pesé 350 millions d’euros l’an passé, un record et un niveau en hausse de près de 50 % par rapport à 2017. Ce qui représente près de 10 % du marché du neuf qui tutoie ses sommets historiques à près de 3,6 milliards, mais plafonne depuis dix-huit mois.

Panier moyen de neuf exemplaires

« En cinq ans, le nombre d’acheteurs de livres d’occasion est passé de 8 à 9 millions. On constate que ce n’est pas un pan du marché de l’édition qui représente une entrée pour les non-lecteurs, précise Geoffroy Pelletier, directeur général de la Sofia. Ce sont plutôt les grands lecteurs et CSP+ qui ont de plus en plus recours aux livres d’occasion, que ce soit en tant qu’acheteurs ou vendeurs. Et leur principale motivation est le pouvoir d’achat et pas les questions écologiques de seconde vie du livre : ils veulent acheter plus de livres pour moins cher. »

Un comportement d’achat de plus en plus prononcé qui intervient alors que les éditeurs ont augmenté les prix d’une bonne partie de leur catalogue ces derniers mois, répercutant les effets de la crise du papier mais aussi de l’inflation générale. En moins de dix ans, le panier moyen du livre d’occasion est passé de 25 euros à 39 euros et de six à neuf exemplaires, détaille l’étude qui précise que 40 % des offres de livres d’occasion affichent des prix de moins de cinq euros.

« La littérature générale est le genre le plus présent mais les disparités sont très significatives en fonction des catégories éditoriales. Un livre policier sur deux aujourd’hui est acheté d’occasion, ce qui est un volume sans précédent. La science-fiction et les romans sentimentaux sont aussi très surreprésentés », note Geoffroy Pelletier.

« Un marché qui se massifie et se professionnalise »

En tout, un livre d’occasion sur deux est vendu en ligne. « C’est peut-être contre-intuitif mais les sites les plus cités, et de loin, sont Vinted et Leboncoin et moins les plateformes dont le livre fait partie des produits phares, comme Rakuten, Amazon ou Momox, précise Geoffroy Pelletier. C’est un marché qui se massifie et se professionnalise, tout en échappant aux acteurs traditionnels du livre en ligne mais aussi physiques puisque les librairies sont peu nombreuses à en proposer. »

Demeure un point d’interrogation majeur pour le secteur : quid du manque à gagner pour les éditeurs comme pour les auteurs ? « C’est difficilement quantifiable car ce n’est pas parce que l’on achète un livre d’occasion que l’on aurait systématiquement acheté le même livre neuf plein tarif s’il n’y avait pas eu d’autres choix, fait valoir Geoffroy Pelletier. Mais c’est un vrai manque à gagner, de plus en plus important, pour un secteur dont l’économie est tendue et où les marges ne sont pas énormes. C’est un élément de concurrence vis-à-vis du livre neuf que les éditeurs et les auteurs doivent prendre en compte. D’autant que le marché de l’occasion est en expansion et va gagner en importance ces prochaines années. »

 

Lire : Les Echos du 21 avril

 

Jean-Philippe Behr

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