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Une page se tourne pour le Moulin de la Tourne

L’aventure du moulin de la Tourne, inauguré en 1995, est à un carrefour. Le propriétaire de ce moulin à papier ménageant le suspense avec talent, la seule information à vous donner est de découvrir ce Conservatoire du papier et des arts graphiques, avant sa fermeture probable.

Aux Marches, à l’emplacement d’un ancien moulin à grains du XVIIe siècle en ruine, Jacques Gaillard, imprimeur et éditeur à Chambéry, a consacré huit années de travaux à convertir ce lieu en véritable Conservatoire du papier et des arts graphiques. Sur trois étages, le moulin de la Tourne retrace la grande histoire du papier, inventé il y a plus de deux mille ans en Chine, puis celle de l’imprimerie. « C’est l’histoire de la démocratisation de l’instruction et de la connaissance », appuie le maître des lieux.

Une mécanique conçue au XIIIe siècle

La salle voûtée du rez-de-chaussée transporte le visiteur au XIIIe siècle, quand le papier fit son entrée en Europe, en passant par la Savoie. Une mécanique ingénieuse, (appelée l’artifice du moulin), alimentée en énergie par le ruisseau de la Grenouille, actionne de lourds marteaux de bois, appelés piles à maillets. Le papetier y broie des étoffes de fibres naturelles (chanvre et lin), afin de fabriquer la pâte, qui, mise en cadre, puis pressée et séchée, donnera un papier blanc au grain grossier. « J’ai tout appris du maître papetier du moulin Richard de Bas, à Ambert (63) », explique Jacques Gaillard, l’un des derniers maîtres papetiers français. Ce moulin jumeau du XIVe siècle a fourni une partie du papier de L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ou celui des diplômes du Prix Nobel. Certaines pièces et machines de La Tourne viennent directement du Puy-de-Dôme.

Du papier jusqu’au livre

Un portrait de Gutenberg accroché dans l’escalier vous invite à découvrir, à l’étage, la salle des machines à imprimer. On y découvre toutes sortes de machines, de différentes époques : une machine typographique du XVIIIe siècle, une minerve à pédale, une presse à cylindre, une linotype, une presse typo du XXe siècle, etc. L’ensemble des matériels nécessaires à la confection d’un livre au XVIe siècle est exposé dans l’atelier de reliure du musée. La visite se termine par la boutique, où sont exposés à la vente les articles fabriqués au moulin. L’âge avançant et le destin ayant fauché précocement la relève, Jacques Gaillard envisage d’intégrer son moulin à un projet qui pourrait aboutir fin 2023. Il s’agirait d’une Cité du livre, implantée en Savoie. Assurément, une nouvelle page est en train de s’écrire pour le papier de la Tourne.

Moulin à papier de la Tourne, 173, chemin de la Tourne, à Porte-de-Savoie. Visite sur réservation uniquement, pour groupe de 12 personnes minimum. 04 79 28 13 31. 5 €.

 

Lire : La Vie Nouvelle de Savoie du 3 novembre

 

Jean-Philippe Behr

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